Bien que j'ai toujours pensé à la mort, par curiosité je crois, et, je l'avoue parfois par détresse, le phénomène n'en reste pas moins étrange, tout de même Depuis tout petit je pense à la mort. A cette époque j'en avait peur. Comment assimiler sans crainte un endroit, vous dit-on, un monde dans lequel les choses n'ont aucun avenir. Un monde fait de vide où les âmes flottent et c'est tout. Voilà les premières images que j'ai eu de la mort. Les plus pieux parleront de Paradis; cité surplombant les nuages, dans laquelle personne ne manque de rien. Vivre d'air pure et d'eau fraîche, courir main dans la main avec les anges, pourquoi ne pas nous offrir de l'ambroisie et du nectar, non plus. Des niaiseries. Ces gens là me disaient toujours qu'il fallait être sage pour atteindre les portes de cette idolâtrée plaine de lumière, pour moi un prétexte pour assagir les enfants. Le Paradis était aussi un moyen de se raccrocher à quelque chose. Se dire que notre mort sera bonne après une vie douloureuse est important pour certains. Il y a encore une catégorie de sceptiques qui pensent que la mort n'existe pas. Du moins pas comme nous l'entendons. Prenez pour exemple un tournevis. Jetez le dans un fossé, il n'a plus d'identité, il n'existe plus, mais personne ne dit qu'il est mort. l'Homme serait comme ce tournevis. Une fois notre vie achevé, tout s'arrête. On jette notre corps dans une fosse et laissons la place à un autre. Le cycle impie de la vie. Moi même j'ai eu une vision de la mort. Vision n'est peut être pas le mot, j'ai une idée de la mort telle que j'aimerais la voir. Imaginez un état de repos. Morphée vous tend les bras, vous vous lovez contre elle et commencez à rêver. J'espérais, sans trop y croire, la mort comme un sommeil, une trêve, peut-être, après la vie qui nous a donné tant de mal. Un état de transe ou nous ne ferions que songer. Jusqu'à une nouvelle vie, si cela est possible, mais la réincarnation est un autre sujet. Hélas, mort, je le suis, et ce que je perçois ça n'est pas exactement ma vision des choses. Pour songer, je songe, ça.... je pense même que c'est le seul moyen d'échapper à l'ennui. Mais je suis encore trop préoccupé par le monde. Il y a quelque chose qui cloche. Lucide... C'est ça, je suis trop lucide. La mort ça n'est pas ça. Je maitrise mes pensées, je ne devrait pas. Un espoir se forme et je commence à douter. Puis-je songer si mon cerveau est inerte ? Non, c'est impossible, je suis vivant, une autre solution à mon dilemme serait illogique. Je décide alors de tenter un mouvement. Il m'a presque fallu me rappeler comment bouger un doigt. Je me met à stresser, autre symptôme improbable dans un état de mort. Je force. … Mon doigt a bougé ! La main, maintenant. Essai concluant ! J'ouvre les yeux mais ne distingue rien. Absence de lumière, peut-être, ou alors je suis tout simplement devenu aveugle. Dans d'autres circonstances j'aurais sûrement songé à cette probable cécité, mais ma condition mentale ne me le permettait pas, j'étais bien trop pressé de découvrir ce que je faisais... là . Tiens donc, mais c'est vrai ça... où est-ce que je suis ? Encore une question qu'il me faudra résoudre quand j'aurai recouvré tous mes moyens. Subitement je me met à sonder les environs. Mes mains heurtent une matière solide. Je ne détecte aucune résonance, probablement un petit espace. Tâtant au dessus de ma tête, je touche un plafond de matière équivalente... Maintenant c'est clair, je suis dans une boîte. Certainement un cercueil. Je m'apprêtais à pousser le couverte quand un martèlement se fit entendre juste au dessus de ma cellule. Des sons lourds faisant trembler le bois du couvercle et battre mon cœur. Mon instinct de survie s'allia à mon sens de la logique pour me dire à grands cris : Ne sors pas maintenant. Évidemment je choisis d'attendre la fin de cette charge avant de me risquer au dehors. Mais je suis vivant... vivant, c'est certain. |