Récit : « Le Grimoire Dépérit Vol.1 »

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Chapitre 1 : Lettre aux dieux de M.ChrisCool

M. ChrisCool Rue de la boucherie Avant-dernière tente, au fond à gauche. Pampa Isolée, 3e jour de ma 64e résurrection. A MM. et MMES les Dieux et Déesses Hordiennes Objet : Lettre ouverte aux dieux. Mesdames, Messieurs, Humains, Animaux, Objets inanimés (quoique). Je tenais à vous écrire, pour évoquer ensemble mes malheurs et mes joies, mes peines et mes satisfactions, tous ces petits moments que nous avons vécus ensemble et qui ont contribué à me faire renaître à nouveau, une fois encore. Mu par l’envie d’aller toujours plus loin, de pouvoir un jour espérer toucher du doigt à l’essence divine qui vous incarne. Avec tout le respect lié à votre rang que je vous dois, je me permettrai de vous tutoyer. Cela permettra de diminuer en partie les barrières qui nous séparent et favorisera nos échanges. Vous êtes mes Déesses et mes Dieux, je suis votre éternel abonné. Je me tournerai d’abord vers toi, grand Ponay, Précurseur du Bien-être Absolu. Toi qui a su t’imposer parmi nous au travers de tes prophètes, toi qui a su nous montrer une lueur d’espoir colorée et pleine de papyons, toi qui sera toujours à nos côtés, envers et contre tout, face à l’adversité. Lorsque vient la nuit et ses angoisses, tu nous apportes le réconfort des plaisirs simples : gambader aux milieux des morceaux de ferrailles rouillés et des viscères répandus à chasser l’arc-en-ciel. Je pense souvent à toi en récitant la prière quotidienne « Les Ponays cay supayr ! » avant d’aller au dodo dans mon petit taudis. J’ai également une pensée pour vous, divinités animales. Oh grand Magic Matou, Dieu Félin de la Salvation, et toi, la Pintade, que devenez-vous ? Magic Matou, le dernier avatar que tu m’as envoyé entre les mains était complètement anémique et s’est fait déchiqueté par le premier mort-vivant venu. Où est passé ta fougue légendaire ? Quand t’incarneras-tu à nouveau dans un corps robuste et gracieux, afin de guider les pauvres fouineurs en détresse au milieu de l’Outre-Monde ? A toi, Magic Matou, je dépose un rat en offrande à la boucherie tous les soirs. Puissent mes sacrifices parvenir à te combler de bonheur. Quand à toi, la Pintade, je ne t’oublie pas. Je sais que tu es la seule et vraie déité digne de figurer dans le panthéon de la basse-cour, contrairement à ces minables poules juste bonnes à finir en chicken wings pour accompagner mes rat-burgers. Et enfin, que serait ce panthéon animalier sans ta présence, chère Chèvre, toi qui a su créer un nouveau souffle parmi les mortels, toi qui a su imposer ta vision des choses auprès de tous les capraphiles, toi qui a été, est et sera pour l’éternité. Quand à toi, grand dieu PMV, Dieu des Plaisirs Solitaires et du Réconfort, je conserve toujours au-dessus de mon lit une petite icône te représentant, délicatement accrochée au mur (c’est quand même bien plus classe qu’un bête crucifix). Sa seule vue suffit à me réconforter lorsque je m’éveille en sursaut, en proie à mes terreurs nocturnes. Grand dieu PMV, sauront-nous réellement la vraie signification de ton nom ? Les esprits faibles pensent que tu n’es qu’un Petit Manche Vibrant, mais je sais au fond de moi-même qu’il n’en est rien. Puissance Magique et Valeureuse, Poutre Monumentale de Virilité, Paul-André de Montfaucon le Vicomte peut-être… Il est évident que tu es bien plus important que tu ne veux laisser paraître. Sache que ton culte ne cesse de grandir, et je tente actuellement de convaincre mes concitoyens de construire un monument en ton honneur, plutôt que de s’acharner à construire un grand fossé ou je ne sais quelle autre billevesée. J’ai dessiné quelques croquis, je pense notamment à une tour de 30 mètres de haut avec une machinerie intégrée permettant les vibrations de l’ensemble de l’édifice. Ce phare guidera les explorateurs imprudents vers la rédemption (et accessoirement la ville). Un frisson me parcoure tandis que je m’apprête à me tourner vers toi, sombre dieu maléfique. Oui, il s’agit bien de toi dont il est question, toi qui rôde au-dessus de nos têtes en permanence, toi qui te délecte des foies des imprudents qui oseraient braver tes avertissements, toi qui a le pouvoir de museler même les plus bavards des orateurs. Le Dieu du Mal, le Noir Volatil des Hauts Forums, Le Dévoreur Hépatique… Nombreux sont tes surnoms, et nombreuses sont tes apparences, mais unique est ta volonté inflexible. Ton bec acéré et tes serres mortelles sont tes meilleures armes (ainsi qu’un magnum 357 qui ferait chi** l’inspecteur Harry dans son froc). Ton noir plumage cache un cœur encore plus noir, mais néanmoins on peut parfois déceler une once d’humour dans tes propos. De l’humour noir, évidemment. Ta façon de t’exprimer si particulière a rendu riche des trafiquants de consonnes de Scrabble, ton célèbre cri de guerre « Edit-lock-Ban » est repris en chœur dans les sombres cercles des sectes fanatiques vouées à ta personne. Oui, certains n’hésitent pas à te vénérer, au mépris du danger que tu représentes. En un sens, tu le mérites. Il faut toujours un équilibre dans l’univers, et ton rôle est d’apporter la contrepartie maléfique des autres dieux Hordiens… Tu n’es autre que Le Corbeau. Une nostalgie particulière vient à présent teinter mes yeux de larmes. Je pense à une divinité aujourd’hui disparu. Un dieu primordial, qui a façonné notre monde. Nous ne t’avons que trop peu connu, Whitetigle le Blanc, et les jeunes peuplades qui évoluent aujourd’hui dans ce monde ignorent tout de toi. Mais pour moi, tu resteras comme le Dieu des Débuggages en Tout Genre. Ton leitmotiv « Un bug ? C’est corrigé ! » résonne encore parfois à mes oreilles. J’enterre sous mon paillasson un vieux pim’s moisi en ton honneur régulièrement, sache le. Puisse ton esprit trouver le repos qu’il mérite. A présent, il est temps d’apporter un peu de douceur dans ce monde de désolation et de souffrance (enfin, une douceur différente du Ponay et du PMV, dirons-nous). 50 % animale, 50 % humaine, 100 % Déesse. Tes yeux de panda ont suffi à soumettre à ta volonté l’ensemble des habitants de cette terre, même les plus athées d’entre eux. Yukit0, Déesse de la Communication et Messagère Céleste, tu es venue de lointaines contrées transmettre les paroles divines. Chacun pouvait s’adresser à toi, la porte de ton temple était ouverte à tous, les puissants comme les plus humbles pouvaient sans crainte t’envoyer leurs doutes. Nos prières étaient la plupart du temps entendues par ta divine ouïe, et tu te faisais notre digne représentante dans les cieux. Malheureusement, même le doux panda ne résiste pas à une rafale de vent apte à décapiter les zombies. La Déesse du Vent Eole t’a chassé de terres pour prendre ta place. Mais dans ta grande mansuétude, tu ne lui en veux pas, bien au contraire. Tu sais qu’elle sera digne de te succéder dans les tâches dont tu t’acquittais. Nous apprendrons à connaître cette nouvelle Déesse et à lui rendre hommage comme il se doit. Je terminerai évidemment mon courrier par le plus grand, le plus majestueux, le Dieu des Dieux, le noble Deepnight. La Nuit Profonde…Malgré ce nom peu avenant, tu nous éclaires par ta présence. Allié à Whitetigle, tels Gaïa et Ouranos, vous avez créé ce monde. Le Premier jour, vous avez créé la Bêta-test, soupe primordiale de laquelle ont émergé les premières formes de vie intelligentes (enfin, façon de parler), prêtes à en découdre avec le monde. Vous y avez fait naître les morts-vivants, comme pour compenser une humanité trop présomptueuse. Le Deuxième jour, vous avez créé la V1, une terre primitive mais déjà dangereuse. Là encore, le danger était omniprésent, y compris dans nos murs où nous n’étions même pas à l’abri d’éventuelles pendaisons à la chaîne... Le Troisième jour, l’arrogance des Hommes ayant engendré votre courroux, vous avez décidé de punir ceux qui avaient goûté au fruit suspect du Potager de la Connaissance en provoquant l’Armageddon, une catastrophe sans précédent dont se souviennent encore certains survivants, une peur gravé au fond de leur regard. Le Quatrième jour, vous avez créé la V2, un monde nouveau dans lequel les erreurs du passé ne devraient plus devoir se reproduire. Vous avez misé bon nombre d’espoirs dans cette nouvelle matrice de vie et de mort. Le Cinquième jour approche, et avec lui, la mort rôde encore. Certains prophétisent l’apparition de maladies nouvelles, transformant nos amis et notre famille en monstres infâmes… J’ignore la part de vérité dans ces propos, mais par précaution je garde toujours sous mon oreiller un aqua-splash à pompe à eau bénite. Grand Deepnight, chacune de tes venues sur notre humble sol est toujours l’occasion de grandes libations et réjouissances, tu nous apporte l’espérance d’un monde sans cesse recrée, remodelé et redéfini, pour qu’un jour, peut-être, nous puissions ouvrir les yeux à la Vérité. Dieu des Dieux, je dépose en offrande à ton autel un banni à la broche sauce serpent, saupoudré de bétapropine 500, une de mes spécialités, tu m’en diras des nouvelles. Vous tous, mes Déesses et mes Dieux, m’avez apporté tout ce qu’un humble mortel puisse rêver. Soyez en tous remercié chaleureusement. Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes sentiments les meilleurs. ChrisCool l’Eclaireur. 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