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Récit : « Voyage dans l'ombre »

SommaireChapitre 1Chapitre 2

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Chapitre 1 : Un mois plus tard
Les crises financières fragilisent les sociétés de tous les pays du monde. Les guerres s'accumulent et détruisent les populations, mais bientôt l'humanité doit faire face à un virus indéterminable qui plonge la planète dans une époque sombre et macabre. Très vite, les pays riches sont touchés et les armées, les médias, le gouvernement font tout ce qu'ils ont en leur pouvoir pour gérer la situation, mais la pandémie est plus puissante et détruit bientôt tous les moyens de communication reliant les gouvernements à leurs peuples. Au milieu de cet enfer, Thomas Challenge, un jeune Normand survie à ce virus qui frappe le monde , l'Europe et chez lui, la France. Une chose va le maintenir en vie et le pousser à se frayer un chemin entre les ombres.


Chapitre Un

En sortant de mon sommeil je sentais qu’un faisceau de lumière traversait les planches de bois et venait frapper mon visage. Le soleil était levé, le silence régnait. La nuit fut difficile et c'est avec peine que je repris mes esprits au beau milieu de ce qui ressemblait à une cabane de jardin. J'écarquillai les yeux, sans bouger et scrutai le petit cabanon où je me trouvais. Des scies à métaux, des outils de réparations, de vieilles bouteilles d'eau et même des ustensiles de cuisine étaient posés un peu partout autour de moi. Je ne voulais pas encore faire de bruit au cas ou les pilleurs qui me poursuivaient la veille seraient encore dans les parages. Tout doucement, j'entrepris d'écarter une planche qui m’empêchait de voir dehors. Rien ne semblait bouger.

Il fallait que je sorte d'ici, que je sache où j'étais. Je m'étais précipité dans cette cabane sans vraiment avoir le choix. Cinq heures plut tôt, une dizaine de pillards voulaient ma peau et, surtout, ce que j'avais dans mon sac. C'est à dire de l'eau encore pure, de la nourriture, une trousse de soin et une arme à feu. Je n'ai pas voulu utiliser cette dernière contre mes agresseurs. Non, alerter ces autres choses qui pullulaient comme des parasites aurai été tragique. Pire que les pillards, les infectés auraient été alerté par les coups de feu et m'auraient certainement flairé jusqu'à cette maisonnette.

J'étais toujours allongé à scruter les environs, je m'assurai que mon sac à dos était toujours bien là, à mes côtés. Mon seul compagnon, ma seule garantie de survie était ce sac de randonnée bleu, un quarante cinq litres. Bob. Je l’appelais Bob. J'avais même inscris son nom au marqueur sur la poche centrale. Alors je me hissa entre les outils de bricolage en évitant d'en faire tomber, je n'avais jamais fait preuve de grande dextérité, j'étais très maladroit mais dans de tels contextes, on apprend vite à changer ses maladresses qui m'étais pourtant indifférentes avant tout ça et qui étaient devenues ensuite mortelles si elles s'avéraient fréquentes. En me levant je souleva un nuage de poussière qui me fis tousser. J'entrouvris la porte faite de planches clouées à moitié pourries, pour m'assurer une dernière fois qu'il n'y avait rien autour de moi. Je souffla enfin et ramassa Bob à qui j'avais sauvé la vie. « Et ben mon vieux, on a encore eu de la chance ce coup ci. » lui dis-je. Lui parler me réconfortais. Souvent, lorsque les rares moments de sérénité m'offraient la possibilité de penser et de me calmer, je causais à Bob pour me sentir, certes plus bête, mais moins seul.

Sac sur le dos, j'étais enfin dehors, au milieu du jardin d'un petit pavillon de banlieue. L'herbe était coupée, les plantes taillées au millimètre. Le propriétaire devait être amoureux de son jardin. Était il encore en vie ? Pour le savoir, je devais rentrer dans la maison de ce dernier, en espérant y trouver des objets utiles. Difficile d’espérer trouver quelque chose de vivant. Deux semaines passées à piller les maisons, les appartements, les magasins, sans jamais voir un morceau d'humanité, du moins des êtres vivants encore lucides, qui ne chercheraient pas à vous anéantir, vous mordre vous manger, ou pour ceux qui n'étaient pas encore infectés, vous piller.

Je m'avançai alors vers la porte vitrée qui était brisée. Les carreaux n'étaient pas encore tombés, du double vitrage sans doute, mais simplement le fait de les toucher aurai suffit à les éclater. Je m’arrêtai juste avant de briser le verre d'une des deux vitres avec mon coude. Un détail m'avais échappé, les fenêtres du pavillon. Elles étaient de chaque coté de la porte vitrée et étaient scellées par des planches de bois, ainsi que des meubles démontés et posés en vrac. Quelqu'un était peut-être encore dedans. Dans tout les cas elle s'était préparée à la visite des infectés et qui sait, de la mienne. Ne voulant toujours pas utiliser mon arme, je retourna discrètement au cabanon pour y prendre un bout de bois, semblable à une batte de baseball puis je revins à la porte vitrée. J'essayais de voir quelque chose mais la vitre était en trop mauvaise état pour pouvoir distinguer quelque chose. J'en conclu alors que la pièce devait être plongée dans une profonde obscurité. Je me dit aussi que si quelqu'un se trouvé dans cette pièce, il verrai mon ombre derrière ce carreau fêlé. En réfléchissant de la sorte, mon cœur s’accéléra et ma respiration n'était plus régulière. Mais le besoin de rentrer était trop fort.
Je poussai enfin du coin de mon coude un des carreaux qui s'écroula rapidement en d’infimes morceaux de verre. Je recula d'un mètre très furtivement serrant les dents et mon bâton de toute mes forces. A ce moment, je ne cessais d'imaginer quelque chose sortir de ce trou noir. Je n'entendais plus que mon cœur gonfler mes oreilles de sang. Je m'avançai jusqu'à l'entrée ne laissant que ma tête passer. Regardant à droite puis à gauche. Il n'y avait rien dans la pièce, qui était en faite le salon. Contrairement au jardin, la pièce était retournée, les bibelots, la télé, les chaises et fauteuils étaient à terre. Le soleil n'était pas du bon coté et ne pénétrait donc pas dans la pièce, seul la lumière du jour me laissait assez de luminosité pour distinguer un escalier juste en face de moi. Et, semblait-il, la cuisine qui était au fond à droite de la pièce.

Je m’avançai d'un pas, puis deux, très lentement. Si il y avait quelque chose de normal, quelqu'un de normal, il se serait surement déjà manifesté. Je souffla un bon coup et continua mon chemin, m’enfonçant dans l'obscurité jusqu'à l'escalier tout en gardant un œil sur la cuisine. D'une voix tremblante je dis : « Il y a quelqu'un ? ». Aucune réponse. Quelques craquements de bois qui provenaient de deuxième étage. Mon cœur repartit de plus belle. Je préférais étrangement monter que d'aller dans la cuisine. Dans un élan d'adrénaline, je monta violemment les marches, mes pas furent un bruit atroce, comme si je voulais faire croire à l'arrivée d'un démon, le bois des marches agonisaient comme pour donner l'alerte. Je ne me l'expliquais pas mais je voulais être plus impressionnant que ces petits craquements de planché. La peur me faisait faire d'étranges choses. Je ne regardais même pas derrière moi, mon morceau de bois à la main, je me retrouvai en un rien de temps dans le couloir du haut. J'étais presque dans le noir total. Ma première crainte fut de recevoir un terrible coup que je ne verrai pas venir. Je vis sur ma droite, au bout du couloir de la lumière sous une porte décorée. Sans réfléchir et mort de peur, je couru jusqu'à celle-ci, l'ouvris et je jeta un coup d’œil très rapide aux quatre coins de la pièce, qui étaient vides, avant de me retourner vers ce couloir devenu éclairé par la porte ouverte. Rien.

Je parlais à voix basse, tout seul, tel un fou : « Si tu continue à te faire peur pour rien, c'est ton cœur qui va lâcher abruti. ». Ce n'était vraiment pas intelligent la façon dont je venais de me déplacer dans cette maison. La luminosité venait de la fenêtre qui était ouverte, avant de m'y approcher pour analyser l'horizon, je fis peut-être la seule chose intelligente de mon intrusion, je fermai la porte de sorte que, si l'on rentrait dans la pièce pendant que j'avais le dos tourné, j'aurais été averti et de ce fait moins surpris. Je me frotta le visage pensant à me calmer. Je me rendis à la fenêtre d'où je plissa les yeux pour voir le plus loin possible.

Au loin je voyais les clochers des églises et des cathédrales de Rouen. Puis, moins loin, environs un kilomètre de ma position, se trouvait le groupe de pillards qui me couraient après, la veille. Ils étaient assis autour d'un feu, entre deux piliers qui supportaient l'autoroute, parsemé de véhicules accidentés. Je posa Bob, mon sac au sol et pris la carte qui se trouvait dans ma poche. J'étalai la carte sur le sol et posai mon doigt sur Rouen. Je le glissa vers le Sud Sud-Ouest, là où je pensais me trouver. Il était difficile de garder ses objectifs lorsque l'on tente survivre dans de telles conditions. Je me trouvais enfin dans un de ces moments de sérénité, ceux qui m'offraient le repos nécessaire à mon esprit pour voir les choses plus claire. C'est là que je pris conscience de mes imbécilités dans les escaliers, dans le couloir. Puis me revint rapidement mes proches. Qui m'attendaient, je l’espérais, en Suisse, dans les montagnes. Avant que les réseaux ne saturent et finissent par ne plus fonctionner du tout, j'avais réussi à les joindre de mon appartements. Ils étaient saints et saufs dans les montagnes, le virus qui affectés les gens évoluait difficilement dans le froid. Grâce à cela le regroupement d'un millier de survivants avait été possible. J’espérais deux semaines plus tard que c'était toujours le cas.


Un horrible bruit sourd me fit revenir à la réalité, comme ci quelqu'un était tombé lourdement sur le sol, dans le couloir. Je sortis l'arme de mon sac très maladroitement puisqu'il tomba au sol. A ce moment là, un long silence régnait dans la maison. Je n'osais plus bouger, à moitié accroupi prêt à ramasser l'arme. Quelque chose semblait avancer vers la porte, vers moi, mais il ne marchait pas. Plus il approchait, plus j'entendais quelque chose de très étrange, sa respiration. Rauque et irrégulière, grasse et difficile, cette fois ci j'étais sur, c'était un infectés. Je n'en avais jamais vu de près, seulement à quelques centaines de mètres lorsque j'étais encore à Rouen. J’expirai longuement avant de récupérer avec discrétion mon pistolet qui était au sol. Je m’avançai vers la porte l'arme pointée devant moi. J'entrouvris légèrement celle ci pour ne distinguer que l'obscurité totale du couloir encore une fois. Mais soudain, quelque chose frappa violemment le bas de la porte. Je fit un bon en arrière avant de braquer l'espace qu'il y avait entre la porte et le mur, attendant que la chose y sorte. Je vis une main agripper l’encadrement. C'était bien un infecté. Il poussa avec son crâne la porte et enfin je le vis tout entier. Ou plutôt ce qu'il restait de lui, son corps était sectionné au niveau du bassin, il n'avait plus de jambes et il rampait avec la force de ses bras. Ses yeux étaient ternes et ses pupilles complètement dilatées, il avait un regard de prédateur. Sa bouche était maculée de sang et il grognait. Bizarrement je ne le craignais pas, il était lent et mourant. Je ressentais plutôt de la pitié, cette personne était jadis quelqu'un de normal, surement était il le propriétaire des lieux et à en croire la chambre ou j'étais il allait avoir un enfant. Mais je n'avais pas vraiment le temps de penser à ces détails, il approchait et je reculais à petits pas tout en visant son crâne avec mon arme.

Je retins mon souffle et pressa lentement la détente. Le coup parti et le bruit fut sec et violent, raisonnant dans toute la maison, peut-être même dehors. Je fus très surpris par le recul. La balle c'était bien logée dans le crâne de ce pauvre homme. Devant ce corps inerte, mes mains se mirent à trembler et une nouvelle inquiétude m'envahissait. Et si les pillards avait entendu le coup de feu. Je me précipitai jusqu'à la fenêtre pour vérifier si ils étaient encore à souffler leur chant morbide, mais non, ils avaient bel et bien été averti par ce maudit vacarme et ils couraient dans ma direction. Leurs fusils brillaient au soleil, ils étaient armés et c'est un détail que j'avais omis de remarquer lorsqu'ils me poursuivaient. Je me mis à genou et écrasai la carte de France au fond de mon sac avant de le mettre sur le dos. Arme à la ceinture je me précipitai maintenant vers les escaliers. En sautant trois marches à chaque pas je me retrouvais rapidement dans le salon, Je marquai un temps d'arrêt, que fallait il que je fasse ? Peut-être avais-je encore le temps de fouiller la cuisine, ils étaient bien assez loin après tout.

Je couru jusqu'à la pièce qui était en parfaite état, chaque chose semblait à sa place. Je pris une chaise sur laquelle je montai pour atteindre le haut des placards muraux. Il y avait des produits pharmaceutiques, des bandages, des ciseaux. J'ouvris Bob et d'un coup de main, tout rentra dans le sac. Je n'aurai jamais eu le temps de faire de la place. Sous la pression, je glissai de la chaise et heurtai avec mes côtes la table à manger. Un douleur me pris dans toute la poitrine et j'avais du mal à respirer. En repartant, la main sur mon estomac, je remarquai une valise placée sous le canapé renversé, je m'y approchai et il était écrit dessus : « Winchester », je ne m'y connaissais pas du tout sur les armes mais je savais que c'était une grande marque de fusils. Les gens s'étaient équipés lorsque les informations parlaient de la première épidémie à Calais. J'ouvris la valise qui contenait , comme je l'avais imaginé, un magnifique fusil à levier. Je ne savais pas du tout m'en servir mais ce genre de chose était, quoi qu'il arrive, toujours utile. Était-ce seulement une bonne idée de s’alourdir. Peu importe, je pris le fusil par le canon et je couru vers la porte d'entrée qui était à l'opposée de la fenêtre par laquelle j'étais entré. J'entendis soudain les cris des pillards qui devaient être dans le jardin. Je devais vraiment quitter les lieux et très vite. La porte était ouverte, heureusement, sans réfléchir je sorti de la maison à toute allure. Je me trouvais au milieu de la rue. Plusieurs infectés erraient dehors et ne m'avaient même pas remarqué. Je me mis à courir au milieu de la route comme un fou, je crois n'avoir jamais étais aussi véloce qu'à ce moment précis. La crainte d'être entre les mains de ces criminels me donnait des ailes.

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