havemercy Ce que me raconta le vieil homme : Je suis ce que l'on peut appeler un intellectuel. Curieux du monde et de ses habitants. Un romantique. Un amoureux. J'étais ce que l'on peut appeler un homme heureux. Heureux de vivre et d'aimer. J'étais bègue dans le temps. Il sourit. Bègue et beau gosse. Fou de vivre et de croquer la vie comme une pomme. Exilé aussi. J'ai fui mon pays et ses persécutions . Torturé parfois, emprisonné souvent. J'ai lutté puis je décidais de renoncer. De quitter mes camarades. Ma femme et mon foyer, je les ai laissés. Sans un regard. Je vins m'établir ici. En ermite. Le temps passa et passa et passa sur moi sans prendre prise. J'étais fort. Je marchais des heures, dans la forêt, vivant de chasse et des fruits de mon potager. Je descendais en ville une fois par mois. Pour l'essence, les cigarettes, les nouvelles du pays. Ca me tomba dessus à la fin de l'été il y a trois ans. Je ne sais pas si vous les jeunes avez vu le train sifflera trois fois. Mais la ville était similaire, déserte et silencieuse. Mon premier cadavre, je ne compris pas ce que c'était. Au deuxième je compris. Puis les suivants me firent paniquer. J'ai quitté la ville après deux heures d'exploration. Tous morts avec des traces bizarres. Des parties du corps manquantes, les plus charnues. J'ai décidé de quitter la ville. Et de me rendre à la suivante. Yellow crick, qu'elle s'appelait. Simplement, j'ai pris la précaution de me poster sur la colline qui surplombait la ville et de sortir mes jumelles. Ils les mangeaient. Y a rien d'autres à en dire. Ils les mangeaient et les autres couraient et se faisaient attraper, se relevaient et se faisaient attraper. Je crois que j'ai vomi durant deux heures. Je suis rentré chez moi. J'ai décidé que cet endroit en valait bien un autre et j'ai fortifié. Je me suis armé. Je les vois parfois durant mes virées. Déambulants, sans raison, sans instinct sinon celui de bouffer. Il jeta un oeil sur l'enfant, endormi, et sa calma. Non crois-moi, ces êtres là ne sont pas doués de raison. Ou de volonté. J'ai bien vu un truc bizarre une fois. En excursion dans une ville, j'ai trouvé des corps pendus aux lampadaires. Égorgés et les tripes à l'air, une armée de mouches se gavant. J'ai tiqué car pour les pendre il avait fallu monter à une échelle et s'y prendre à trois ou à quatre. C'est dur de monter une barbaque pareil. Depuis je suis ici. Et d'elle je sais pas quoi en faire. Il me désigna la môme. |