havemercy Cinq jours de préparatifs, pour une virée à trois, à travers les routes de ce pays et ses écueils. Des armes à foison, des vivres et munitions. Et nos forces respectives. Nous partons le matin, nous nous sommes fixés de marcher dix kilomètres par jour. De trouver un abri suffisant, au plus tard à quatre heures. La petite, dans un sac à dos adapté sur mes épaules. Le vieux en avant de dix pas, j'espère que son instinct de chasseur est aussi bon qu'il le prétend. Les premiers jours sont paisibles. Le paysage est splendide et nous tenons le rythme. Les putrides sont espacés. Nous les contournons dans la mesure du possible. Les affrontements sont rares et la petite tient bien le choc. Le quatrième jour nous nous terrons dans un abri de bûcherons fortifiés. Au matin, trois putrides sont sur le seuil, vagissants, déambulant de ce pas lent. Le vieux panique. Moi, je suis froid comme une brique. Et là j'ai une idée. Je mets Key en sécurité dans la pièce du fond. Et nous les faisons rentrer un à un. Nous avions préparé une chaise avec des chaînes. Nous les lions un à un et nous livrons à un travail de boucher. D'abord les yeux que nous ôtons, puis leurs bras, à la hache. Des sangles en cuir sur la bouche à tous les trois et des sacs arnachés sur le dos. Enfin une forte ceinture de cuir de bûcheron autour de la poitrine. Puis nous les lâchons dans la nature et putain, le vieux et moi, nous en sommes presque morts de rire. De les voir déambuler comme des aveugles, sans repaire, comme des momies de cire, des monstres de foire, des dockers sans possibilité de grève. Et nous les chargeons de tout notre attirail, reliés à nous par des laisses de quelques mètres et par leur envie de nous bouffer. Et merveilleux, ça marche. Ils nous suivent comme ces anciens boys, suivant imperturbablement notre rythme. Je me dis que je devrais mériter le prix nobel. |