Nous sommes restés longtemps dans cette cabane. Très longtemps bien que je n'ai aucune idée du nombre exact de jours, mon calendrier ayant été réalisé tardivement, et manquant surtout de précision : j'oubliais souvent de réaliser l'encoche quotidienne. Mais il est certain que nous n'en sommes partis qu'au printemps suivant. Enfin, une espèce de printemps. Notre vie dans cet abri commençait mal : un cadavre sur le sol, du sang, et Amanda en larmes. Après ce qui me semble être une heure, je stoppais notre étreinte, doucement. Ma première tâche fut de sortir le corps au loin. A mon retour, Amanda restait pétrifiée sur le lit, les mains sur les seins, dans un état de choc tout à fait compréhensible. Je lui parlais longuement, comme à une enfant, la rassurant, lui disant que tout allait bien aller. Pour le moment, je prenais les choses en main. Je commençais par lui tendre ses propres habits, le rouge aux joues. Puis je fis un inventaire rapide de ce que contenait la cabane : des meubles sommaires, deux lits, et un amas hétéroclite d'objets en tout genre, dont un grand nombre de conserves et d'aliments comestible, issus apparemment de vols récents. La meilleure nouvelle depuis longtemps. Il y avait tout l'air d'avoir tout le nécessaire pour tenir un bon paquet de temps ici. Je ressortis dehors, et fit rapidement le tour de la petite cabane, qui paraissait décidément très solide. Deux fenêtres, aux lourds, très lourds volets de bois,une porte massive avec non pas un, mais deux verrous tout aussi massifs, et des murs d'une épaisseur conséquente, manifestement à des fins d'isolation l'hiver. Je notais aussi la présence d'un couvercle métallique, qui s'avéra au final un puits, et manifestement très profond. Enfin, je retournais auprès du corps de ... à ce jour, j'ignore encore son nom. Du corps du salopard que j'avais tué, et je le dépouillais de toutes ses fringues, sans cérémonie, que je ramenais à l'intérieur. Amanda s'était rhabillée, et paraissait avoir fait un gros effort sur elle même. Elle ne pleurait plus, et me questionnât sur les alentours, et notre survie, d'un air distant. Elle repoussât même mes tentatives de réconfort. Elle n'aimait pas trop me voir dehors, et je restais donc avec elle. Nous avons passés le reste de la journée à inventorier nos possessions, sans vraiment parler, sauf pour se demander si nous survivrions à cette nuit, une fois encore. Je l'interrogeais brièvement, avec réticence, sur ce qui m'était arrivé. Elle m'avait vu tombé, assommé par une de ces brutes, et ils l'avaient amenés ici. Ils n'avaient pas vraiment l'air de s'en faire au sujet des morts, et tenait pour acquis leur survie dans la cabane. Elle refusât de m'en dire plus sur son sort pendant ces longues heures. Ce n'était de toute manière pas nécessaire. A la nuit tombée, j'ai fermé la porte et les volets, que j'avais ouverts pour y voir plus clair, puis ait allumés les lampes. Je me rappelle notre attente silencieuse de minuit (j'avais retrouvé ma montre), et son gémissement aux premiers hurlements et coups sur les murs. Ils tinrent bon, mais la demi-heure passée fut très éprouvante pour nos nerfs. Une fois celle ci terminée, je soufflais les lampes et souhaitait une bonne nuit timidement à Amanda. Je ne savais pas vraiment comment agir avec elle. J'entendais son souffle, irrégulier, ses mouvements sur son lit, à quelques mètres et pourtant si loin. Et surtout ses sanglots, étouffés. Après quelques minutes, je ne tins plus, rallumait une lampe, et sans un mot, tirais mon lit près du sien. Elle ne dit rien non plus, et une fois ma lampe éteinte, se lova timidement contre moi. je ne m'endormis que bien plus tard, la tenant dans mes bras, quand sa respiration régulière m'appris qu'elle dormait plus au moins paisiblement. Les lits restèrent côté à côte tout au long de notre séjour dans cette cabane, et nous ne parlâmes plus jamais de ce qui lui était arrivé avant que je la retrouve. |