La nourriture fut au final notre problème majeur. Nous étions situé à une bonne heure de marche de toute route digne de ce nom, en pleine forêt. Nous avions de solides réserves de nourriture, au début, et le puits se révéla très profond. Pendant les premiers jours, nous avions peur que les morts finissent par enfoncer nos murs, car nous en voyions chaque soir de nouveaux, qui grossissaient les rangs de ceux déjà présents. Nous mîmes au bout de trois journées une routine en place : à la fin de chaque agression que nous subissions (toujours à minuit, avec une exactitude terrifiante), alors que les morts commençaient à s'éloigner à pas lent de notre cabane, nous sortions, et veillions à ce qu'ils ne reviennent pas le soir suivant. Un par un, chacun à notre tour. Et ce, sans interruption, jusqu’à ce qu'il n'y en ai plus aux alentours. N'allez pas croire que cette occupation ne durât que quelques jours : chaque soir, et malgré notre éloignement, de nouveaux venaient, toujours ! Puis, une fois cette tâche harassante finie, quand il n'y en avait plus de visible aux alentours immédiats, nous allions nous coucher, nos lits toujours côte à côte, et nous levions vers dix heures, chaque jour, afin de commencer notre journée chargée. J'ai mentionné le fait que nous dormions côte à côte, mais n'allez pas croire que nous couchions ensemble. Durant tout le temps que nous passâmes dans cette cabane, rien de plus sérieux qu'un baiser n’arrivât entre Amanda et moi. J'y reviendrais plus tard, peut être. En tout cas, elle se révélât craintive et repoussa doucement mes faibles tentatives, et je n'insistais pas vraiment non plus de mon côté. Ne me croyez pas de glace, mais les journées étaient chargés, nous parlions certes pas mal, mais l'ambiance se prêtait mal au romantisme, de toute façon. Je dois également avouer que je ne savais pas vraiment comment m'y prendre, après ce qu'elle avait subi. S'habiller, aller sortir l'eau du puits, faire une toilette sommaire (nous fûmes très rapidement à court de savon), chacun à notre tour, déjeuner sommairement, en se rationnant, s'équiper, refermer la porte à clé, et partir. Nous sortions toujours à deux ,par peur je dois bien le reconnaître. Nous furetions aux alentours, tuant ... ou plutôt re-tuant les morts à notre portée, traînant les corps dans une fosse, les recouvrants de terre afin de ne pas en attirer d'autres, et renforçant la cabane par des tas hétéroclites de souches et de débris que nous trouvions au hasard de nos pérégrinations. Ça n'en à pas l'air, mais les journées passaient vite. Nous tentions également de chasser, sans aucun succès je dois le dire. Et bien vie, malgré nos rationnements, la nourriture devint un vrai problème. Comment tenir l'hiver qui s'approchait avec nos maigres rations ? |