Tanake Sa voiture, le connard conduit, j'allume un clope. Le radio cassette, du techno, que j'éteins. Passé une heure, il me dit que nous y sommes, je me penche et discerne le haut du gratte ciel à travers la brume froide qui envahit la ville. De la moquette et un garde en grand uniforme nous arrête puis recule devant l'ordre aboyé par son boss. Nous descendons aux archives, 5ème sous-sol, de la moquette ici également, je me marre. Mais j'arrête quand il se rend compte que son pass n'ouvre pas la porte. Il me regarde paniqué puis appelle un mec, un subordonné. Il lui demande de trouver le responsable des archives et de le ramener ici. A 23h.00, ca va pas être simple. Nous attendons sans rien dire, lui debout moi assis le dos contre le mur, il me lance un regard noir chaque fois que j'éteins un clope sur sa moquette beige velouté. Puis nous entendons des bruits de pas et un jeune mec complétement paniqué nous rejoint. Je vous jure, il doit s'y prendre à trois reprises pour insérer sa carte et ouvrir la porte. Nous y sommes enfin et nous trouvons ses dossiers. Je me cherche un bar et au centre ville y a que des boîtes bondées ; je me dégotte finalement un vieux rade à jazz. Je m'installe à une table au fond de la salle et commande une bouteille de soju. Le groupe est minable comme pas possible et enchaîne standard insipide sur standard insipide. Je fume à la chaîne et épie nerveusement les notes personnelles de ma disparue. J'entame la lecture et je me perds vite dans son histoire, les verres passent, la fumée, le groupe est remplacé par une bande de nana, un quintet, piano, contrebasse, batterie, saxo et trompette, si je n'étais pas si absorbé je pousserai un juron de m'imposer un jazz de rombière quand elles entament endiablées la night of tunisia, je lâche pourtant pas mon histoire, le rythme obsédant, le refrain haché par la trompette, elle le raconte si vrai, son histoire, que je ne peux m'en détacher, les cris du saxo, ses plaintes, planent, j'écrase mon mégot et en rallume derrière, les cendres, la mélopée, tout s'enchaîne, une pause puis le rythme qui revient, envoutant, une histoire de loup, qui lui est proche, le tempo, lancinant, puis la pause avant le solo de saxo, digne du bird, je lâche les mots obsédés par l'envolée subite, un enchaînement de notes si rapides et belles, à vous transpercer soudainement, je ferme les yeux et la vois elle, sa photo, les notes suaves, un entraînement, et qui piquent comme une acidité sous la peau, la trompette maintenant, si douce et féroce, si belle elle était, les notes elles forment une valse et elle, elle est au milieu. |