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Récit : « Etude de la mort. »

SommaireChapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6

Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10Chapitre 11Chapitre 12

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Chapitre 6 : "Celui qui m'a trahi"
Une goutte coulait sur la joue de Marie. Une goutte d’eau, mêlée à du sang, de la sueur et de la boue. Une goutte qui provenait de son œil. Une seule. La signification de cette larme est énorme : il s’agit de la toute première que vous voyez apparaître sur son visage. Vous ne savez pas quoi en penser. Marie, la doyenne du village, et néanmoins la personne la plus forte que vous ayez jamais connue, relâcher une larme ? C’est tout bonnement insensé. Pourtant, le fait est là. Même elle ne pouvait rester de marbre face à un tel texte. Impressionnant.

-Marie… Commencez-vous.

Mais elle ne répondit pas. Elle ne pleurait pas réellement. Il ne s’agissait que d’un peu d’eau sécrétée par son canal lacrymal. Une poussière dans son œil aurait sans doute provoqué le même résultat. Elle ne voulait visiblement pas que l’on s’étende là-dessus et elle continua à lire.


Poursuivons avec ma jeunesse. Je vais reculer moins loin, cette fois-ci. Je me suis déjà étendu sur mes études, il n’y a guère besoin de le faire plus. Maintenant que je me sens vengé, je peux m’exprimer sur la communauté scientifique sans m’énerver. Je dois maintenant pouvoir expliquer la raison de mon rejet.

J’étais brillant. J’étais le plus brillant, le meilleur, l’insurpassable. Partout, on me disait que quel que soit le lieu où j’irais, j’apporterais toujours quelque chose. Sachant que l’organisme est régulé d’abord par les molécules et par chaque cellule, et que la mort était en conséquence étroitement liée à ces éléments, je choisis la voie de la biologie cellulaire, pour enfin atterrir dans la microbiologie. Ici, j’utilisais des cobayes classiques : souris, organismes unicellulaires, parfois même haplobiontiques. Bref, rien d’excitant, et toujours plus éloigné de l’homme. J’ai donc décidé d’utiliser des hommes. Oh, bien sûr, je ne pouvais pas le faire comme ça, les autres idiots ne m’auraient jamais laissé faire. J’ai donc dû ruser. Si on peut appeler ruser le fait de duper l’imbécillité du genre humain. Je n’avais pas à réfléchir beaucoup.

La plupart du temps, mes études ne nécessitaient pas (encore) de tuer mes participants. Mais comme ils auraient parlé, je n’avais pas le choix. Je ne cherche pas à m’excuser, ils ne méritaient pas pour la plupart le droit de vivre, de toute façon. Et puis, c’est trop bon, les cris d’agonie, les derniers râles, prendre la vie des autres pour les étudier et allonger la mienne. Le moment de les tuer était mon moment favori.




La voix de Marie avait tremblé sur cette dernière phrase. Autant de signes étranges trahissant la douleur n’apparaissant normalement jamais chez elle. Il faut dire qu’elle est une véritable experte pour cacher ses émotions négatives, qu’on lui croyait inexistantes. Quant à vous, vous êtes en pleine torpeur. Vous comprenez soudain la sensation que procure la rage, la maladie tant que le sentiment, aux uns envers les autres. Cet homme, vous avez une colère incroyable envers lui, et vous vous promettez intérieurement que si vous en avez l’occasion, vous le tuerez. Vous voudriez le dépecer, lui arracher les yeux, lui faire des entailles sur tout le corps et le plonger ensuite dans une cuve de sel, puis de vinaigre. Bref, vous donneriez n’importe quoi pour le faire souffrir. Vous avez honte d’avoir pensé il n’y a pas si longtemps que cet homme avait quelque chose d’humain. Rien ne peut être plus inhumain que cette chose.

-Marie, je…

Elle ne vous laissa pas le temps de parler, et continua la lecture difficile, pénible, de ce texte horrible, vous obligeant à vous taire.


Passons. J’ai également fait en parallèle avec mon travail de microbiologie des études de médecine, afin de pouvoir étudier la mort plus directement. A la fin de ces études, je choisis de me spécialiser là où personne ne voulait aller, bizarrement : dans les cas graves, désespérés. Leur mort était facilement étudiable et ne me portait pas préjudice. Souvent, j’accélérais cette mort, trop lente à venir. Certains patients résistaient parfois plusieurs mois ! C’était amusant de leur dire d’adopter un certain comportement qui les mènerait vers la mort. La plupart étaient inquiets, s’accrochaient à la vie et à mes directives qui allaient la leur ôter. J’adorais ça ! Evidemment, il y en avait qui étaient au bout du rouleau et qui ont dû être heureux de leur mort, mais qu’importe, du moment que leur sang continuerait à alimenter mes recherches pour ma vie.

Cependant, les humains ne sont pas tous aussi débiles. Si seulement je n’avais pas croisé la route de cet homme impressionnant… Il s’agit d’une de ces rares exceptions que je considère comme méritante d’appartenir à mon espèce. Si je n’avais pas essayé de le tuer, nous travaillerions probablement ensembles, à l’heure qu’il est. J’ignore s’il est encore en vie, mais je le lui souhaite. Après tout, comme je l’ai dit, il mérite la vie et doit avoir tout aussi peur de la mort que moi.




Vous n’en croyez pas vos oreilles. Quelqu’un pourrait avoir de la valeur à ses yeux ?! Lui qui se considère comme étant le meilleur, complètement inhumain, imbu de lui-même et ne semblant ne pas connaître la notion de respect d’autrui, est capable d’avoir de la considération ? Vous aimeriez en apprendre plus sur cet étrange personnage qui a réussi à se faire remarquer par un scientifique aussi ignoble…
A bien y réfléchir, elle est peut-être aussi ignoble que lui…



[rp]J’avais pris toutes les précautions, sans faute. Seulement, j’avais pris ces précautions en ce qui concernait une intelligence humaine. Celui-là… Tout comme moi, il était au-dessus de l’humain. Je ne m’en étais pas rendu compte quand j’ai voulu l’étudier, et il avait compris. Il s’est bien gardé de me le montrer, jusqu’au dernier moment après lequel il n’aurait plus pu fuir. Les informations que je lui avais données sur moi étaient fausses, bien évidemment, mais avec une intelligence pareille, il a réussi avec une facilité déconcertante à me retrouver. Comme j’avais voulu le tuer et qu’il tenait à la vie, il n’a pas hésité un seul instant à choisir la délation. Les scientifiques, prétextant que j’avais malgré tout beaucoup aidé l’humanité avec mes recherches, bien que ce n’aie pas été voulu, ne m’ont "que" expulsé de leur communauté. Grand bien leur fasse, ils sont maintenant mes cobayes.

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