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Récit : « Morves primitives »

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Chapitre 20 :
Tanake



Le récit qui suit a été établi par les notes récemment retrouvées de Robert Ludlumm, sociologue nord-américain, disparu il y a près de 5 ans en périphérie des iles septentrionales du Japon, vu pour la dernière fois en Hokkaidō.



Le 24 août

Ca y est, les valises empilées sur les genoux, à six par banquettes dans le bus, les poules qui caquettent, et leurs propriétaires qui se foutent visiblement de ma gueule, et en ne s'en cachant pas, je pars vers le nord du Japon, le sourire jusqu'au oreilles, 24 heures après avoir obtenu mon doctorat et une bourse d'étude sur les mythes et superstitions des peuples du nord japon. D'abord trois jours de bus puis le bateau et enfin je débarquerai sur l'Ile de Hokkaidō, site le plus propice pour mes recherches, tant par la profondeur de sa culture que l'ancienneté de ses peuples.


Le 3 septembre

Je suis bloqué depuis quelques jours à Hakodate, par les coulées de boue qui sont intervenues récemment et ont interdit tout déplacement au nord par la route. Je m'en fiche, les gens ici sont accueillants et je loge dans un des meilleurs hôtels de la ville, intimiste et traditionnel. La chambre est superbe et le service fantastique. Les jeunes serveuses éclatent de rire à la plus simple de mes paroles et lorsque je tente de les saluer, elles pouffent de rire. J'ai compris qu'ils avaient passablement peu d'hôtes étrangers par ici. Le dernier étranger m'ayant précédé, j'ai cru les entendre en parler, était une jeune coréenne, parlant un japonais parfait, en chemin vers le nord, tout comme moi. J'utilise le temps qui m'est imparti pour me familiariser avec l'extraordinaire richesse mythologique des peuples de cette ile, en particulier vers le nord. Leur cosmogonie et mythes fondateurs sont si riches que j'en éprouve un grand respect.


Le 10 septembre

En route de nouveau, par les chemins escarpés de montagne, j'ai atteint les premiers village proches des montagnes. Le chauffeur de la jeep a promis de revenir dans une semaine pour me faire atteindre ma destination suivante. Le physique des gens d'ici est encore proche des gens de la rizière que l'on croise si souvent dans les campagnes japonaises. Leur dialecte m'est encore compréhensible et ils sont si attentionnés et si hospitaliers que j'ai souvent le rire et les larmes qui se confondent devant leur marque d'affection. Je les interroge sur les croyance et, de manière très surprenante, ils en parlent volontiers. Ils m'ont conduit auprès des vieillards des environs, qui étaient visiblement enchantés de trouvés de nouvelles oreilles attentives à leurs histoires. Leur croyance est proche de l'animisme, que l'on peut trouver aussi bien sur le continent africain que d'Amérique centrale, bien que davantage mystique que religieux, et certaines de leur histoire sont, disons, plus vives que celles que j'ai eu l'habitude d'entendre. J'ai souri car ma compagne de voyage fantomatique m'a également précédé ici, j'ai entendu une bande d'enfants jouer en se pourchassant avec un foulard de soie, de prix. Une des mères m'a appris en souriant qu'une jeune femme mystérieuse avait visité leur village quelques semaines avant ma visite, que les enfants l'avait grandement appréciée et qu'ils jouaient souvent désormais avec les effets qu'elle leur avait offert, courant dans le village en l'appelant Tanake, Tanake. J'ai vu au regard des plus jeunes femmes et hommes du village qu'ils ne semblaient pas partager la même impression sur cette jeune femme, je souris, ce que les femmes sont jalouses.



Le 27 septembre

Le chauffeur n'est finalement pas revenu et j'ai voyagé à pied, avec trois paysans qui ont accepté de m'accompagner contre paiement d'un mois de salaire local. Ils portent mes effets et nous marchons vers les hauteurs. Je me suis arrêté dans plusieurs villages et avec les hauteurs, le physique et le caractère des paysans s'est sensiblement modifié. Je ne pensais pas que cela fut possible que quelques dizaines de kilomètres, même dans les jungles ou les montagnes primitives de ces contrées, puissent recéler des peuples d'origine si différente. Les hommes et les femmes sont plus renfermés, ils me parlent moins volontiers, les enfants sont par contre toujours aussi souriants et accueillants et, s'agissant de ma camarade de route qui ne me connait pas, j'apprends d'eux que je suis encore ses pas et qu'elle me devance. De suivre ainsi cette jeune femme me plait, je ne sais pourquoi, mais c'est comme si je ne parcourais pas seule cette contrée. Il est toujours difficile de voyager durant de si longs moments dans des pays que l'on ne connait pas et cela me rassurait de savoir qu'une personne également étrangère à ces lieux m'avait précédée. Les parents ne veulent pas en parler par contre, en l'évoquant, ils refusaient de croiser mon regard et prononçaient vivement les mots "Amatsu-tsumi", soit tabou, en japonais médiéval. Ils acceptaient cependant encore volontiers de me parler de leur mythe, les forces mentales de la nature et des animaux semblaient vivement implantées en ces lieux. Ils parlaient d'êtres supérieurs qui vivaient dans les montagnes, qu'il était interdit d'approcher ou même d'invoquer, des êtres magnifiques qui vivaient leur propre destinée, à l'abri des préoccupations humaines. Assez proche de la cosmogonie chinoise elle s'en éloignait cependant dans les puissances primordiales qui régnaient sur ce panthéon bestial, le singe, le lion, le cheval, le loup ou encore les hommes féroces des grandes hauteurs, les yokrais.




Le 15 octobre

Je suis bloqué maintenant depuis 10 jours dans ce village à mi chemin vers le sommet d'une des premières montages du centre de l'Ile. Le climat, en particulier le froid et la brume qui appairait en début d'après-midi ne permet plus de continuer vers les hauteurs. Les villageois sont très inamicaux, ils me refusent presque tout contact et sont souvent menaçants. Je comprends fort mal leur dialecte et leur faciès est passablement effrayant. Ils ressemblent bizarrement à des chiens, et ils semblent aboyer quand ils parlent. Ma jeune compagne de route m'a précédée ici aussi, elle est partie vers les hauteurs du nord avant que la brume s'installe et ils l'évoquent en la traitant avec une antipathie étonnante, comme s'il s'agissait d'une ennemie, une prédatrice. Je dors mal la nuit, je me sens oppressé. Des hurlements de chiens ou de loup se font entendre au loin et je ne sais si je rêve ou si mon imagination mêle les superstitions de ces lieux à mes angoisses présentes. Cette nuit, je me suis réveillé en sueur, avec l'impression d'une présence dans ma chambre. Je suis sorti et le froid ma saisi, ainsi que l'impression désagréable d'être observé dans la distance, épié par des yeux malveillants.


Le 23 octobre

J'ai enfin pu partir de ce village hostile. Je monte désormais seul, mes aides ayant refusé d'aller plus loin. Je crois parfois percevoir au loin dans les hauteurs devant moi une forme grise et vive qui apparait et disparait soudainement. Je pense qu'il s'agit d'hallucinations. Les villages que je vise sont bien plus haut et je ne croise que des maisons isolées faites de torchis, les enfants sont en haillons et les adultes semblent souffrir de malnutrition ; leur physique est particulièrement désagréable, avec leur tête de forme canine. Je ne comprends que quelques mots de leur dialecte et je m'étonne de la présence en ce japon moderne de conditions de vies si misérables et reculées. Il n'est plus question ici d'interroger les gens sur leur croyance ou leur mythe, ils sont trop éloignés de toute communication de culture orale, la primitivité de ces peuples suffit à exprimer leur croyance. Ils dessinent des formes archaïques sur leur corps et leur battisses, des animaux principalement ou des hommes aux formes démoniaques et effrayantes. les chiens sont présents tout comme les loups, qui reviennent souvent, dans des luttes incessantes ils semblent figés, attachés les uns aux autres par la morsure de leurs crocs en un combat qui semble aussi sanglant qu'immémorial. Je ne devrais pas continuer la montée je sens mes forces qui s'affaiblissent et les rêves ne cessent pas, je rêve maintenant toute la nuit, de formes effrayantes et gigantesques, à côté desquelles je disparais comme un ver de terre face aux héros des temps anciens ou homériques, qui se livrent à des luttent éternelles, ayant pour terrain des surfaces grandes comme des continents. Je n'en peux plus, ces rêves pompent la dernière de mes énergies. Mais je veux encore monter, peut être est-ce la curiosité du scientifique ou le sort de cette jeune femme qui m'a accompagné en me devançant durant tant de jours qui me fait continuer mon périple.



Ici s'achève le récit de Robert Ludlumm, identifié par son laisser passer, à côté d'autres documents retrouvés aux environs du sommet de la cordillère d'Hokkaidō. Son corps et ses autres effets ne furent jamais retrouvés.

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