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Niv. expérience : 1
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Ce ne sont pas que mes dents cassées. Le sang que je crache vient de plus profond. J’ai l’impression de vomir mes tripes. Franchement, je ne me fais pas d’illusions. J’ai déjà vu des gens infectés auparavant et… ce ne sont pas les blessures qui nous tuent. Assis sur le seuil de ma tente, je ne supporte plus d’être enfermé à l’intérieur. Les gens me dévisagent – en particulier Quasimodo, qui doit apprécier d’avoir été détrôné au titre du plus affreux de la ville – mais je m’en fous. Mes pensées errent… Maneige avait l’air inquiet ce matin. J’ai cru à ce qu’elle m’a dit hier. J’espère simplement que… que je n’y crois pas uniquement parce que j’en ai envi… c'est-à-dire… pas seulement parce que je souhaite avoir son attention depuis si longtemps. Pour une fois la mort me rend lucide. Il vaut mieux ne pas me torturer avec ça. Je verrai ce soir, à son retour… Mon attention furète ailleurs. Arf. Le vampire, bien portant, frais et rose, a encore amélioré sa piaule. Une porte et son bricolage ressemblera à une maison… Ça me déprime. Je repense à ce matin, quand l’éclaireuse est partie avec Buttler et Averell. Si ce dernier ne semblait garder aucun souvenir de la veille, le gardien, lui, n’a pas manqué de se rassasier de ma déchéance. Je n’ai pas pu soutenir ses yeux. Comment un regard peut-il… hum… excréter autant de haine ? J’ai senti à la fois cette espèce de… de satisfaction morbide posée sur moi… une aversion pure. J’en frémis… – Hey, hey ! Je ne te demande pas comment tu vas. Le vampire s’accroupit en face de moi. Je ne sais pas comment il fait. Je ne supporterais jamais d’aussi près le relent de plaies purulentes si ce n’était pas les miennes. Il prend un ton de confidence. – Ce n’est pas bon de rester là sans rien faire toute la journée… Tiens, je t’en devais une. Il me met sur les genoux une planche. – Tu es déjà banni, blessé, infecté. Ils ne peuvent rien te faire de plus. Ils me pendraient bien avant de te pendre. Je soupire. Il a les mots pour convaincre. Lentement, je m’affaire à poser la planche de telle façon que ma tente s’agrandie. Le vampire m’aide un peu. Je finis l’opération exténué, mais il me force encore à le suivre jusqu’à la décharge. Au moins l’effort me change les idées. Je fixe le sol, épuisé, en revenant. Je transporte jalousement ma bombe macabre – c’est comme ça que le cinglé les appelle – et l’eau croupie que j’ai dénichées. J’ai du mal à retrouver mon taudis avec la nuit qui tombe. En passant près du Forum, j’entends qu’on demande qui ferme la porte ce soir. Les explorateurs vont… Voilà. Les voilà. Ils déposent leurs trouvailles en banque. Je deviens nerveux comme un enfant à Noël. Je m’assoie devant mon abri, mine de rien… refoulant une envie folle de foncer sur Maneige pour lui prendre le médicament… Elle approche ! J’angoisse. J’ai chaud. Enfin ! Pff. J’ai rarement été aussi impatient. Ha ! Je ressens déjà la délivrance ! Maneige ! Ma… Maneige ? – Je suis vraiment désolée ! En un souffle, tout bas, se cachant le visage pour réprimer un sanglot, disparaissant dans sa tente. C’est la douche froide. Horreur. Je vais mourir. Ils referment le portail, retrouvent leurs lits de camp minables. C’est presque l’heure. Je n’arrive plus à respirer, je panique. L’infection. L’infection, je la sens. Oh, mon dieu… Elle est partout. Dans mes blessures. Mon ventre ! Rien pour me soigner. Rien… rien… Comme… comme une morsure. Ma peau. C’est… Ça monte. Je… je la sens… Je… L’infection… C'est l’infection… Je… je… je… |
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