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Récit : « Contrée du Carnaval d'hiver »

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Chapitre 4 : Une épinglette sur le coeur
Me voilà, avachi sur les lambeaux de ma tente, n’ayant même pas la force de protester. Qu’est-ce que je pourrais ajouter de toute façon. Quand j’ai essayé de dénoncer à mi-voix le vampire, on m’a rétorqué que si j’avais vraiment eu de bonnes intentions, je serais allé directement déposer les ressources en banque. Comment réfuter ce mensonge ?

Ce sont les sixième et septième personnes qui passent nous mettre une plainte. Je les reconnais, il s’agit des deux idiots bâtisseurs de portail contre lequel tout le monde se plaint. Qui me croira si je les balance ? Le pire : ils écrivent « bloque les chantiers » à la suite des accusations.

L’attitude du Vampire de Düsseldorf me déprime d’autant plus qu’il est accoudé à son taudis qualité premium de pur bois sans échardes, fumant nonchalamment sa feuille de plaintes, lançant des regards hautains et amusés aux citoyens. J’aimerais avoir la moitié de son cran…

Mais ce qui me fait vraiment mal, c’est que Maneige a disparue depuis qu’on est rentrés de notre expédition. J’aperçois une faible lueur dans sa tente… les gens ne voient pas qu’elle a allumé sa lampe, ils sont bien trop occupés avec mister taudisman et moi. Franchement, je ne lui en veux pas si elle gaspille une pile. Je sais qu’elle a peur dans le noir, mais je ne devrais pas en parler.

Comble de la honte, c’est Quasimodo qui arrive avec la huitième et fatidique plainte. Pourquoi huit ? J’en sais foutrement rien. Il y a des mystères comme ça… du genre, pourquoi réaliser un Pirate des Caraïbes 4 ? À bien y penser, l’apocalypse nous a sauvé.

Le bossu de Notre-Dame tripote entre ses gros doigts deux épinglettes. Je le vois qui trépigne en attendant suffisamment de monde pour écouter son beau discours. Ce qui n’est d’ailleurs pas long : les gens accourent toujours pour assister au malheur des autres. Quasimodo se racle la gorge.

– M’dames et m’sieurs, j’dépose la huitième plainte contre ces deux individus mal’tentionnés et j’les déclare bannis !

Il expulse un gigantesque postillon en même temps que la sentence. Sans ménagement, il me plante l’épinglette sur le cœur. L’aiguille me transperce la chair et j’ai envie de pleurer. On peut maintenant lire « BANI » sur ma poitrine.

– Qu’on vous voit pas approcher d’la banque ou des constructions sinon c’est… et Quasimodo, ce gros rustre, de mimer de se faire pendre.

Quand la foule de lynchage se dissipe enfin en emportant la planche et le reste de mes trouvailles, j’arrange mon macaron de banni de façon à ne pas mourir poignardé. C’est la première fois que je me retrouve en telle posture, exclu de la communauté, indésirable, boulet vivant, traitre, haï, méprisé, maudit.

Le vampire a l’air satisfait. Mon dieu, mais il n’y comprend rien ! On ne peut plus rien faire, même pas aider aux chantiers ! À quoi bon vivre ? Je me faufile sous la toile de ma tente pour essayer de dormir quand une ombre apparait tout à coup au dessus de moi. C’est lui, le maniaque psychopathe buveur de sang.

– Viens, fais pas ton enfant, je vais te montrer un truc.

– Quoi ? Non ! Je veux rien voir, laisses moi tranquille, espèce de fou ! C’est de ta faute si on m’a banni !

– Oh, arrêtes, ce n’est pas plus mal. C’est mieux comme ça. Plus libre. Pas d’obligation. Pas de cor aux mains après une longue journée aux chantiers…

Je pousse un faible gémissement et accepte de le suivre. Je n’ai définitivement pas de colonne. Il fait noir, mais il doit rester encore une heure ou deux avant minuit.

– Où on va ? que je me plains.

– Attends, bon sang… voilà, c’est juste là !

Il pointe un coin sombre en dehors des portes de la ville. Je n’ai pas trop envie d’aller là. Je sens que les autres sont capables de refermer le portail sur nous. Le vampire a lu dans mes pensées.

– Nous n’avons rien à craindre, il reste encore le gardien et le fouineur dehors. Ils ne les sacrifieront sûrement pas pour nous. Allez, viens… il te reste assez d’énergie pour fouiller ?

Mais il rigole. Je suis mort, je suis poignardé, banni, trahis, ma tente est en lambeau, je lutte pour garder mes paupières ouvertes et il veut que je fouille ?

– Ce n’est pas grave, on va revenir demain de toute manière, me rassure-t-il.

Je l’attends pendant qu’il fait son truc. J’arrive à retenir mes larmes mais mon nez est comme un aqueduc. Je tremble, j’ai froid, je suis fatigué. Il revient enfin avec les bras chargés de babioles impossibles à distinguer. Une chose est sûre, ça chlingue.

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