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Récit : « Contrée du Carnaval d'hiver »

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Chapitre 45 : Le rocking chair
Qu’est-ce qui leur prend…

J’ai travaillé aux chantiers avec des automates. Que deux ou trois lueurs d'activité cervicale ne sont apparues dans leur regard de toute la journée. C’est pas aujourd’hui que je vais entreprendre ma campagne de recrutement de complices, ça c’est sûr. Là, j’arrive chez moi et je me repose dans ma chaise berceuse. Parfaitement.

– C’est un cadeau pour nous avoir sauvé la peau hier soir.

– Mais je peux pas accepter ! C’est censé servir de lot pour les jeux communautaires ! Ça appartient à tout le monde…

– C’est juste une chaise ! On en a plein d’autres en réserve et plus encore dans le désert.

– Oui, mais…

– Je vais devoir te la faire ingérer de force si tu la prends pas !

Devil la pose brusquement à côté de ma couchette. Il considère le résultat.

– Tu vois, c’est la classe ! Bon, oubli pas qu’il y a une rencontre vers 9h au forum, quand le soleil aura finit de se coucher… Bye !

Je le salue d’un signe de tête. Le bricolage indésirable de bois, de cuir tressé et rapiécé de vieux lambeaux de linge gît maintenant dans mon espace personnel. Il rehausse l’éclat de ma paillasse qui prend un coup de jeune. Le rocking-chair ne semble ni confortable, ni sécuritaire, mais ça fera du bien un dossier pour soutenir mon dos. Hum...

Qu’est-ce qui leur prend de me donner ça ?

Soupir. La rencontre va être pénible ! Comme au premier jour : lui, Toutakou, sur son trône, nous à ses pieds comme des rats, eux qui boiront son discours, vin de propagande servi dans une coupe de plomb qui les empoisonne petit à petit.

Pff. Robi, celui qui est en charge de rappeler les directives en l’absence du chef, me regarde d’un œil mauvais. Je vois bien qu’il triture un bout de papier dans sa poche. Il trépigne de me coller une plainte, c’est évident. Je l’ignore et il finit par dégager. Quelle plaie cette chaise… mais s’il n’y a que de les rendre jaloux qui peut faire prendre conscience aux gens que j’existe…

Je me couche pour ne plus attirer l’attention avec les craquements sinistres. Je veux remettre l’antiquité en banque, sauf que Toutakou pourrait bien décider d’interpréter ça comme un affront. Il est imprévisible. Y a qu’à voir comment il a réagit hier ! Le pire, c’est que je ne l’ai même pas fermé tout seul la porte, deux gars m’ont aidé ! Et me voilà coincé avec cette vieillerie inutile. Ils ont eu quoi les autres ? On va voir ça à la réunion tout à l’heure… En plus, l’expédition s’est terminée vraiment tôt aujourd’hui. C’est la faute des mauvais relevés météorologiques ou juste pour venir nous casser les oreilles avec des paroles de dictateur manipulateur ? Pourquoi c’est Devil qui m’a donné la chaise ? Je croyais qu’il était l’un de ceux qui contrôlent les autres. Il s’abaisserait à faire le livreur ? Il se rend compte que c’est mal de piloter les gens ? Ha ! Mais bien sûr ! Ils se passent sans doute le mot entre eux ! Ce devait être lui ! Il ne pouvait pas venir lui-même parce que ça l’aurait humilié, mais il pouvait envoyer un chien fidèle ! Il savait que je ne pouvais pas refuser si c’est lui qui me la donnait. Ou alors c’était bien lui dans lui-même, ça ne change pas grand-chose, que ce soit lui ou lui, le résultat est le même. Ça lui ressemble drôlement comme idée. Enfin, je me comprends.

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