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Récit : « Contrée du Carnaval d'hiver »

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Chapitre 52 : À quoi bon m’en faire ?
Neuf zombies m’entourent. Soit ils en sortent, soit ils en sont attirés, mais le cimetière indien d’à côté y est certainement pour quelque chose. Je pompe et décharge les pistolets. L’avant-bras m’en est courbatu à force de va-et-vient. Des résidus aqueux des victimes sont projetés sur les deux survivants ; ils en mourront bien de désespoir ! Bon, ça fera l’affaire, je crois… Même pas certain d’avoir assez d’eau pour éliminer ceux qui attendent de me barrer la route.

Du coup, mon sac se retrouve incroyablement léger après avoir nettoyé le secteur suivant. Toutakou devait savoir qu’il y aurait trop de monstres. En plus, avant de partir, sur la carte, c’était rouge au nord ! Avec un char de chance, la dernière charge suffira peut-être.

Évidemment, cinq zombies m’empêchent de passer. Je suis découragé. Jamais je ne pourrai les contourner et, si je fuis, je parie que les bandages en banque disparaîtront miraculeusement. Impossible non plus de creuser avec ces horreurs dans les parages. Un couple, ça se surveille, mais pas la famille au complet…

Tentant une manœuvre désespérée, je vide le réservoir en orientant le tir afin qu’il atteigne deux cibles à la fois. C’est beau l’espoir, l’ambition, mais sans le talent… Oh, oui, je suis persuadé qu’il savait que je finirai le trajet, juste à côté de la ville, avec des ennemis en trop, comme un imbécile ! Devinez qui va crever ce soir ?

Les minutes s’égrènent, par quinte, par dizaine. J’observe pour une brèche, je prie pour une étincelle de solution. Je crains qu’on ne me voie de la ville, perché sur la muraille, qu’on se moque de mon sort. Des silhouettes hyènes rôdent et se frottent les pattes de satisfaction. Dans mon crâne résonnent leurs rires. Ils m’auront eu, à l’usure ! La tyrannie, les humiliations, les moqueries que j’aurai endurés faute de chaîne… La chance me porte malheur ! Je n’aurais rien pu faire contre tout cela, autant mourir. Ces gens-là ne changeront jamais. Leur mentalités est déjà pourrie, gangrenée par leurs réussites volées, par leurs succès trichés. Les moyens drastiques qu’ils ont employés au début de cette ville deviendront automatismes ; à la longue, ils n’attendront même plus les excuses pour bannir et tuer les gens de leur communauté. Ils n’auront plus à se faire chier en élaborant des expéditions suicides pour se débarrasser de ceux à qui ils n’ont rien à reprocher. Toujours, tout ça, pour optimiser leur pitoyable record de jours survécus au cours d’une même vie, en ne se mêlant à personne d’autres et véhiculant l’opinion selon laquelle tous sont de profonds incapables sauf eux. Ce sera pire au niveau des chefs qui, au fur et à mesure, s’enrichiront de plus en plus au détriment des travailleurs. La marge entre les « biens nantis » et les « pauvres » s’élargira jusqu’à être fossé infranchissable. Il y aura « ceux qui savent » et les autres. Une sorte d’élite d’imbus d’eux-mêmes qui s’entre-lèchent et s’allient pour mieux lyncher les misérables, se gargarisant de leur vedettariat tandis qu’ils ne font qu’empirer le monde déjà insupportable dans lequel on se démène. Ils allumeront peut-être une torche ce soir et s’empiffreront de marshmallows, Toutakou et sa meute – pendant que les ouvriers sèchent sur leur lit de camp, extirpent leurs échardes et crèvent leurs ampoules – pour fêter la pureté de leur troupeau débarrassé de son mouton noir.

Ouais. À quoi bon m’en faire ? J’ai cru pouvoir y changer quelque chose, mais, seul contre tous, voilà où ça m’a mené. Le pire, c’est que je n’ai jamais survécu aussi longtemps auparavant. Je ne peux par contre pas leur en être reconnaissant. Avoir su ce qui m’attendait ici, j’aurais troqué de bon gré ces deux semaines infernales pour deux existences où j’en aurais arraché, certes, cependant les rencontres y auraient été plus enrichissantes et surtout humaines. Franchement, même à la Contrée du Carnaval d’hiver, avec son Buttler, c’était, à bien y penser, mieux qu’ici. Les gens m’avaient peut-être bannis injustement, mais c’était par connerie, pas par pilotage ! On peut espérer que les cons apprendront au fil des expériences, au contraire des individus comme Toutakou qui se flattent de détenir le savoir absolu !

Franchement, c’est dommage pour les gens comme LaFin, qui a décidé d’agir, et Deep, qui aurait compris si j’avais eu le temps de lui parler. Peut-être même So, aussi, aurait pu m’expliquer son point de vue et moi le mien, ça avait bien convaincu LaFin ! Il y a sans doute d’autres personnes, dans l’ombre, qui n’attendent que la vérité s’offre à eux, qui, silencieux, détiennent les clés d’une révolution. Il ne leur manque que le moteur et l’essence…

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