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Récit : « La Perçée »

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Chapitre 3 : Chapitre III
On tressaille sous le sermon…

« Bordel, vous êtes quoi ? Des Hommes ou des bêtes ? Montrez que vous valez mieux que ceux qui croupissent dehors nom d’un chien ! Un sac plein à craquer de drogues ne vous sauvera pas si vous vous retrouvez seul face à eux ! Maintenant je vous réexplique : si j’en chope un qui pousse je le mets définitivement hors d’état de nous suivre, compris !? »

On est sous le choc. Ce n’est pas dans les habitudes du colosse à l’air tranquille qui nous sert de chef que de perdre son sang froid. Son discours est mal reçu. J’entends plusieurs commentaires murmurés. En temps normal, dans de telles conditions, un tel discours prononcé face à une quinzaine d’humains armés, désespérés et à bout aurait sans doute entrainé le lynchage de l’orateur. Curieusement, ce ne fut pas le cas. J’observe avec curiosité les brutes, les survivants, la crème des citoyens en matière de survie et de chance se plier à l’Autorité.

Il ne faut pas se voiler la face. Si nous sommes vivants aujourd’hui, c’est forcément que nous avons été, à un moment ou à un autre, plus égoïstes que la moyenne. Les chanceux, les véritables chanceux, les candides, les naïfs, sont morts depuis longtemps.

La chance ne tient pas la distance. Pas sur presque deux mois.

Que ce soit en dérobant discrètement un grillage, des drogues, des armes, nous avions tous franchi au moins une fois la ligne qui sépare le communautarisme et les desseins personnels.

Mais personne ne nous en tiendrait rigueur à présent.

Je me fais une place dans la queue en formation. Je pousse… Pas trop tout de même, même si je doute que notre chef abatte l’un de nous pour une simple bagarre. Je reste assez intelligent pour comprendre que le manque de sommeil combiné à la prise régulière de drogues fortes et à la perspective omniprésente de bientôt rendre l’âme peut changer un Homme.

Je scrute ses traits tirés et son regard vide. J’y perçois une petite braise… Son instinct de survie… Ou peut être son humanité… Quoiqu’il en soit nous sommes tous en train de le suivre dans sa folie… La nôtre également ?

Je détourne le regard.

Viens mon tour… Je prends trois petits cachets verts que je place dans ma poche. Je m’empare d’une autre bouteille d’alcool. Personne ne dit rien… Je ne me sens pas capable d’en avaler deux mais je pourrai toujours la troquer contre de l’eau ou autre chose… L’alcoolisme est devenu un symptôme de notre style de vie… Je trouverai.

Faut croire que ça aide à tenir. Je fais sans, il aurait fallu que j’essaye, j’aurais peut être mieux dormi ?

La porte s’ouvre dans un grincement. Ma bouteille toujours à la main, je lui jette un coup d’œil. Juste un peu plus cabossé, mais elle n’a pas bougée. On entretient une sorte d’affection envers la vieille porte de bois… C’est un peu ridicule, mais c’est elle qui nous maintient en vie depuis des dizaines de jours. Enfin… Plus ou moins, je réalise après coup. La Porte ne me parait plus si sympathique.

Alex sort, suivit de tout le groupe. On avance, unis pour la première fois depuis des jours… Comme durant le temps des expéditions. Fini les querelles pour les drogues, les alcools et les armes… Il ne nous reste plus qu’à avancer. Reste à savoir vers où.
L’étendue désertique de sable jaune n’apporte aucune réponse.

J’essaie d’évaluer l’heure… Je dirais dix heures… Je regrette les dernières montres que nous possédions, perdues au fur et à mesure des expéditions.

Alex n’a pas expliqué la démarche, mais avec les autres on a cru comprendre que l’objectif est d’avancer un maximum en tuant un maximum de putrides avant de... Finir. J’estime qu’on devrait tenir une cinquantaine de kilomètres, mais sans idée précise du nombre de zombies alentours, j’ai bien conscience que mes raisonnements ne sont que du vent. Honnêtement je pense que la totalité du groupe s’en contrefiche.

J’aimerais bien être dans les derniers tout de même, mais je ne me fais pas d’illusions. D’autres sont bien mieux armés que moi… J’aperçois autour de mois quelques aquasplashs, et même une tronçonneuse… J’évacue rapidement la jalousie. A quoi bon ?

Une colonne se forme, Alex en tête. Je jette un dernier regard vers la ville. Je me remémore mon arrivée…

Mon installation dans ce grand terrain alors presque vide…
L’édification des murailles…
Comment on avait fini par refuser les arrivants faute de place et de réserves d’eau suffisantes…
Comment la ville avait exulté lors des premières semaines de résister malgré toutes les prévisions…
Les premiers décès, l’épidémie qui avait dévasté un quartier entier…
Le manque d’eau…
L’étau qui s’était lentement refermé sur nos espoirs pour finalement nous enfermer dans notre propre ville…
Les Hordes qui nous avaient broyées un a un…
Le départ des exilés…
Les défenses submergées…

Je détourne la tête. Mes yeux sont secs. J’ignore les plaintes des dizaines d’âmes que nous laissons derrière nous. Une main se pose sur mon épaule. Un black… Je ne lui ai jamais parlé. Il m’adresse un sourire et m’incite à avancer. J’esquisse un signe de la tête et me mets en marche dans le sable déjà brulant…

Au loin j’aperçois de sombres silhouettes.
Je serre les dents.

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