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Niv. expérience : 1
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La colonne avance lentement au milieu du désert gangrené par les rejetons de l’infection. Je suis aux cotés du black, vers le milieu de la file… Chris qu’il s’appelle. On fonctionne par binômes, avec une quinzaine de mètre entre chaque groupe… Je n’aime pas cette disposition mais il paraît que c’est la plus sûre dans notre situation. A l’avant de notre convoie, quatre timbrés sensés amortir la plus grosse part des assauts : la « ligne de front ». Ça ne marche pas aussi bien que prévu… Les flancs doivent sans cesse repousser les putréfiés trop lents attirés par l’avant-garde mais finissant invariablement par atteindre la colonne à son milieu. Ce n’aurait pas été un réel problème si nous avions la possibilité de nous arrêter. Je déglutis. Derrière nous, je le sais, ils sont de plus en plus nombreux à nous suivre inlassablement. Au dernier comptage, ils étaient dans la cinquantaine. Les protestations fusent mais Alex est inflexible… Il ne reviendra pas sur l’organisation… On commence à le connaître. Alors on attend le désastre… Je piétine sans les regarder les cadavres d’infectés abattus par l’avant-garde. J’ai pris cette habitude dès mes premières expéditions… Un infecté, dans la mort, retrouve selon moi un peu d’humanité… Ne serait-ce que par sa physionomie : les traits sont moins tirés, les membres arqués sont détendus… J’ai toujours peine à croire que ces corps squelettiques soient des monstres. Je les considère au fond de moi comme des victimes… Et je n’apprécie pas vraiment de regarder en face une victime tuée par mes soins ou par ceux de mes camarades. Au début j’ai essayé de me rassurer avec les semblants d’éducation religieuse que mes parents m’ont inculqués dans ma jeunesse… J’ai essayé de me convaincre à grand coup de phrases toutes faites… « Ils sont en paix à présent »… « Cela valait mieux pour eux »… Ca ne passe pas. Ce n’est pas une époque pour la Foi… Dieu nous a abandonné, nous avons abandonné Dieu… Les ecclésiastiques ont été parmi les premières victimes des Grandes Emeutes. Après les politiques. … Les heures, les minutes ont passées… Une à une. On perdrait rapidement la notion du temps sans le soleil… Le monde est cruel… Il nous fournit les souffrances et le moyen de le minuter. Les armes à eau sont presque toutes à court de munitions, et nous en sommes maintenant réduis à utiliser les armes à piles. Nous réussissons encore à repousser suffisamment tôt les attaques pour éviter le corps-à-corps... Certains ont préféré abandonner leurs armes vides plutôt que de s’encombrer inutilement. Personnellement j’ai gardé mon pistolet dans mon sac, ainsi qu’un autre récupéré à un de mes compagnons… J’ignore pourquoi. J’espère peut être tombé sur une centrale hydraulique… J’espère… La vanité de notre projet commence à m’apparaître. Trop tard. Pour rendre la marche plus aisée, nous avons légèrement dévié de notre trajectoire pour récupérer un cadi, qu’on pousse à tour de rôle. On y a chargé la nourriture, l’eau et le nécessaire basique : bandages et munitions. Pousser le cadi dans le sable fin est une tâche fatigante, la personne qui y est assigné doit sans cesse lutter contre le relief inégal qui risque à tout moment de le renverser. Sans compter que manier une arme simultanément relève de l’impossible… Personne n’y a mis ses drogues… On n’est pas naïfs non plus. Des cris alarmés retentissent devant moi… Un flux d’adrénaline empli mes veines. Nous savons ce que ça signifie. De nouveaux infectés convergent vers l’avant-garde… |
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