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Récit : « La Perçée »

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Chapitre 5 : Chapitre V



Sans surprise, on nous annonce que nous allons êtres sollicités… Un des gars de l’avant-garde se décale et nous adresse un petit geste impuissant avant de reprendre sa place. Je sors mon lance-pile d’une main et pioche une pile dans ma réserve de l’autre…

Chris rit d’une voix rendue rauque par la soif.

« - Comme si on avait pas déjà pigé… A croire que c’est ici le vrai « front »…
- Te plains pas, je rétorque doucement… On n’est pas encore passés devant, mais quelque chose me dit qu’ils encaissent plus que nous… Y’a qu’à regarder le nombre de cadavres qu’on a piétiné depuis le début.
- Peut être bien… Mais si on ne peut même plus se plaindre, achève-t-il dans un sourire timide. »

Je ris à cet humour désabusé, avant d’être ramené à la réalité par l’irruption dans mon champ de vision des infectés.

Ils sont à une centaine de mètres.

Ne pas perdre de temps.
Lentement, j’insère la première pile dans le chargeur que je verrouille. J’essaye de ne pas trembler. De son côté, Chris en fait autant.

Je sais que mon lance-pile est un prototype, une arme capable d’éjecter le projectile avec une précision impeccable tout en évitant de le broyer… Cela m’est pour l’instant totalement inutile, car chercher la pile reviendrait à courir jusqu’au cadavre en prenant le risque de se faire surprendre par une attaque soudaine des hordes. Ou de me faire abattre dans le dos par un Alex de plus en plus suspicieux vis-à-vis de notre motivation, et résolu à abattre quiconque fera mine de fuir…

Quel regroupement de tarés…

Je plisse les yeux et compte les putrides… Ils sont une dizaine à clopiner vers la colonne. Quelques tirs émergents de l’avant-garde et nous soulagent de l’un d’entre eux, qui s’effondre et roule jusqu’en bas de la dune, dans l’indifférence générale.

Je fais un rapide calcul… La vague se répartira sans doute sur deux binômes, ce qui fera deux cibles par personne. Je scrute nos compagnons situés à l’avant de la file dans l’espoir qu’eux aussi nous fournissent un coup de main… Des clous.

Crachant pour humidifier ma gorge, j’évalue la distance. Cinquante mètres…
C’est presque sûr à présent, c’est nous qui allons nous battre. Chris et moi ralentissons le pas pour rejoindre le binôme situé derrière nous. Des regards sont échangés, nous savons ce que nous avons à faire, les paroles sont superflues…

Mes jambes sont en cotons mais je continue d’avancer. On a beau en avoir tué toute sa vie, voir avancer de sa démarche chaloupée un infecté inspire toujours la même terreur…

J’imagine que les anciens qui ont fait les Grandes Guerres interhumaines n’ont pas eu ce problème… Leurs ennemis étaient faits de chair et de sang, les balles les tuaient. Pour de bon… Nous avons en face de nous notre futur. Nous n’affrontons pas des infectés, des zombies, des morts vivants ou de quelconques monstres… C’est la mort elle-même que nous défions lorsque nous plongeons nos regards dans ces orbites vides et ces yeux sans vie. La mort, notre futur…Je frissonne.

Bien que je préfère les combats au lance-pile, c’est loin d’être le cas général. Autour de moi mes camarades jurent doucement. Pas de jets d’eau horizontaux désagrégeant à coup sûr la cible. Avec un lance-pile… Une seule trajectoire, un seul point d’impact.

Je lève mon arme et vise, n’osant pas m’arrêter de marcher.

Trente mètres.

Les neufs infectés restant accélèrent, galvanisés par notre proximité… Quatre yeux noirs les fixent, attentifs. La démarche irrégulière des infectés causée par la décomposition des articulations peut être déstabilisante pour la visée, mais j’ai une petite expérience avec les armes… Je remercie silencieusement un Dieu auquel je ne crois plus de m’avoir permis de revenir vivant des expéditions.
D’un geste assuré, je vise le torse. Les bras me brulent…
Ils sont à vingt mètres.

Nous tirons presque simultanément. Là non plus aucune stratégie nécessaire… Avec des humains, tirer en se relayant aurait sans doute ralenti leur progression, mais le virus semble ôter toute instinct de survie aux infectés.
Trois d’entre eux sont jetés à bas de leurs jambes squelettiques par nos piles, profondément fichées dans leurs chairs.

D’une main à présent tremblante je saisi une deuxième pile que je charge d’un geste brusque.

Dix mètres, pas plus.

Ca va être trop juste.

Tout en relevant mon arme, je me décale pour obtenir un peu de répits… Ma démarche en crabe me gène et je crains de trébucher à tout moment. Sans nous concerter nous tirons…

Cette fois quatre infectés sont stoppés dans leurs élans et percutent le sol silencieusement… Derrière nous je sens la tension des membres de l’arrière garde.

Je fourre mon lance-pile dans mon sac et tente de dégager mon couteau, fixé à ma ceinture. Une pile sortie de l’arrière garde vient fracasser la cage thoracique de l’un des deux mort-vivants. Je trébuche… Mon couteau part rouler dans le sable. L’infecté est là. La peur me paralyse… Où sont donc les autres bon sang ?

Sorti de nulle part, Chris m’attrape par le col de ma veste et me passe derrière lui. Un coutelas brille dans sa main d’ébène. Je recule en rampant et le voit asséner un violent coup au cadavre en sursis. Celui-ci vacille avant de s’effondrer dans un râle obscène.

Dans un grognement victorieux, Chris se retourne. Ses yeux rendus fous par la peur balayent le désert avant de se poser sur moi. D’une voix désincarnée, il me murmure :

« On a pris du retard… Grouilles ! »

Encore tremblant, je ramasse mon couteau et me relève maladroitement. Nos deux équipiers nous signalent qu’ils sont indemnes, un pâle sourire soulagé étalé sur leurs visages.
J’accélère le pas.

Revenu à notre position habituelle, j’échange un sourire fatigué avec Chris… On a sans doute moins d’une demi-heure avant la prochaine offensive sérieuse… Je respire à fond.

Au loin, le soleil continue inexorablement sa descente, insensible à notre angoisse grandissante.

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