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Niv. expérience : 1
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Je ne sens rien. Comme si mon corps était déconnecté de son -MON- propre système nerveux. Un peu comme si je flottais dans une piscine, sans jamais couler plus bas ni remonter vers la surface. Je ne me souviens pas exactement de ce qu'elle m'a dit. Mais je me souviens de sa voix brisée, de son visage baigné de larmes. En fait, la seule chose que je ressente là, c'est un désagréable fourmillement à la jambe droite. Je me souviens encore avant cela de nos discussions animées. De nos errances dans ces plaines désertiques et hostiles. J'ai beau tendre le bras, impossible de le soulever. Je sens que quelque chose le retient. Je me souviens de cette cité fragile, bâtie dans une vallée escarpée. Nous pensions avoir trouvé la terre promise, ou du moins un lieu sécuritaire. Pour quelques temps. Mes yeux ne me répondent pas non plus. Mes paupières sont fermées et je sens une croute par dessus. Pourvu que ce soit seulement du sang séché et pas autre chose. Je me souviens de ces rencontres, amicales et inattendues. Inamicales et désespérantes. Le gout amer et métallique du sang encore tiède remonte dans ma bouche. Il m'étouffe, cherche une voie pour sortir. Je me souviens de cette expédition, d'un appel au secours par radio. Je l'entends pleurer. Elle ne s'arrête pas. Mais je suis encore en vie ! Je me souviens de ce zombie qui m'a jeté à terre. Je me souviens de la surprise de la douleur quand il a planté ses dents décharnées dans ma chair. Je sens qu'elle manipule quelque chose. Cela ressemble à une grande courroie, au bruit. La tension sur mon corps se relâche, j'étais attaché semble-t-il. Je me souviens de cette douleur atroce, comme si du plomb fondu coulait dans mes veines. Elle passe un linge mouillée sur mes yeux. Avec un peu de patience, je parviens à les rouvrir. Mais elle n'arrête pas de pleurer pour autant. Je me souviens de Ray. Il s'est approché de moi alors que je me tordais de douleur. Elle, est restée muette. Comme une tombe. Je lui souris faiblement. Je vois qu'elle évite mon regard. Ses vêtements sont tâchés de sang et elle cache ses mains sous un pan de ses vêtements. ... Je ne me souviens pas exactement de ce qu'elle m'a dit. Mais je me souviens de sa voix brisée, de son visage baigné de larmes. En fait, la seule chose que je ressente là, c'est ce désagréable fourmillement à la jambe droite. Je descend ma main vers le bas de mon corps, mais.... Elle ne rencontre que le vide. Mon regard se fige, je n'ose pas regarder. Ma main tâtonne de nouveau, fébrilement. Il faut que je vérifie, mais je n'en ai pas le courage. Centimètre après centimètre. Je l'entends qui pleure toujours. Les yeux exorbités. Mais son chagrin m'est insignifiant face à cette peur qui me noue les entrailles. Je descend lentement le regard. Je n'ai plus ma jambe droite ! Et sans même me retourner vers elle, je devine qu'elle cache encore ses mains. Ses mains qui doivent être agrippés à la scie... |
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