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Récit : « Le messager »

SommaireChapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5

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Chapitre 2 : Partie 2
Partie 2.0 : Le Train (bis)

(citation)
Votre nom, c’est quoi, d’ailleurs?

(citation)
Charon. Vous m’appelez Charon.

(citation)
D’accord...


Je ne savais pas quel sujet de discussion je pouvais tenir à Charon. Le trajet s’éternisait tant son calme était puissant, épuisant. Son corps était grand, sa colonne, droite. Il ne se penchait pas au rythme des balancements du Train, alors que j’étais assis pour mieux me plonger dans ses yeux noirs si durs à percer. Il remarqua mon regard, fronça les sourcils. Je tournai la tête.

La vieille dame de sombre vêtue se leva de son siège, caressa le cuir troué de la banquette, et sortit du sac qu’elle avait précieusement gardé entre ses jambes tout au long du voyage, une petite pièce métallique qu’elle tint à deux mains, de peur de la laisser tomber.

Elle se dirigea vers nous, s'agrippant tant bien que mal aux dossiers des rangées pour ne pas chuter, forcée de desserrer un peu l’entrave qu’elle imposait à sa piécette. Je voulais m’orienter vers elle afin de l’aider, mais Charon mit son bras entre la femme et moi. Il me fixa avec force durant quelques secondes. Je me rassis.

La dame âgée arriva face à Charon, lui tendit la pièce qu’elle tenait toujours de ses maigres mains. Le Train s’arrêta. Charon saisit l’obole, et lui ouvrit les portes. Elle prit la direction de la sortie. Je m’apprêtais à la suivre, quand à nouveau, il m’arrêta.

(citation)
Toi, tu ne descends pas ici... C’est Le Patron que tu vas voir.

(citation)
Et elle, elle va voir qui ?

(citation)
Le Bonheur.

[Silence]

(citation)
Je veux la suivre...

(citation)
Mais tu ne peux pas. Ton destin doit encore être accompli.
 
(citation)
Quel destin ?

(citation)
Assied-toi, et attend. Ce n’est pas à moi de t’en parler. Le Patron t’expliquera.


Charon devait exercer un pouvoir sur moi, à ce moment.
Je me rassis, à nouveau. La femme descendit du Train à jamais, et son ombre se perdit dans une verdure sans fin. Le paysage désertique avait fuit. Je crois avoir compris. Le Paradis. 

Je ne demandai pas à Charon quel en était, il semblait en avoir plus qu’assez de mes questions. Le silence reprit ses droits. 

(citation)
Nous arriverons d’ici peu.


Murmura-t-il longuement.


Partie 2.1 : Le Royaume



Le froid vent avait été balayé par des brises chaudes et calmes qui ondulaient sur les corps comme l’océan vient caresser le fin sable, lorsque je me décidai à ouvrir l’une des fenêtre tachées de saleté et de sang du Train. Charon me chuchota 

(citation)
Ferme la fenêtre. Nous sommes arrivés.

À ce moment, nous n’étions plus que deux dans l’embarcation de métal, tirés par ces chevaux de lumière que nous appelons énergie. Charon attendit quelques instants, et calmement, l'installation ralentit à petit rythme, puis s’arrêta totalement, immobile, dans des nuages.

Oui, des nuages, nous étions sur une plaine de touffus nuages. Les plus belles images antiques se voyaient révélées devant moi, sous mes yeux éberlués. C’en était presque trop, tant la beauté dépassait l’entente humaine. Des satyres jouaient avec des anges, des colonnes de marbre, piliers de blanc vêtus, taillées par la nature brute s’élevaient à travers le candide terrain. Couvertes de tranchants, de bras acuts, de pures épines immaculées. Si pur. 

Charon me regarda. Je repensais à la vieille dame.

(citation)
Je n’ai pas de pièce, Charon....

(citation)
Mais toi, tu n’es pas mort.


En temps normal, un frisson m’aurait secoué, mais non, rien. Ainsi vont les choses. Nous naissons puis mourrons. Cette femme a pu rejoindre son Paradis, dès lors que son ombre fut perdue dans la verdure, et elle y trouva sûrement - comme Charon me l’avait affirmé - le Bonheur infini dont elle jouit encore aujourd’hui.

(citation)
Le Patron t’attend... Allons-y.

Je le suivis alors docilement. Il ouvrit la porte, et me fit sortir. Mes pieds touchèrent ciel. C’était agréable, doux, comme quand, petit, je marchais dans l’herbe verte en tenant puérilement la main de ma mère. Charon me scruta sans émotion. Un homme de pierre tout aussi beau que les lourdes colonnes  de ce candide extérieur. 
Il m’invita à le suivre, et nous partîmes en direction de ce qui semblait être un immense temple. Des statues gargantuesques placées parallèlement à un long chemin de pierres satinées tentaient l’oeil. Tantôt des anges, tantôt des artistes, tantôt des formes géométriques, et tantôt elles étaient impossibles à décrire faute de leur divine inspiration. Les plus effrayantes tiraient vers une beauté mystique, et les plus belle, une attirance presque sentimentale.

Charon me guida vers elles, et me fit marcher sur les dalles bleues brillant au jeune soleil qui parsemaient l’allé vers le bâtiment.

Nous marchâmes ensemble la moitié du chemin, puis il m’annonça.

(citation)
Je dois te laisser ici. Mon travail m’appelle. Surtout, respecte Le Patron.

Il me prit la main - c’était notre premier contact - avec une douceur étonnante, et la lâcha une poignée de secondes plus tard. Il partit. 

J’étais seul sur cette route de lumière. Seul.



Partie 2.2 : Le Patron



J’ai dû marcher durant quinze bonnes minutes sur ce long sentier d’argent bleuté avant d’arriver au sublime Temple du Patron. Je n’en étais pas vraiment sûr, car le temps semblait passer différemment ici. 
Tenez ! Je ne saurais vous dire combien de temps le chemin en Train a duré, ni même nos discussions avec Charon. Je repensais à sa froideur, et à son calme. Ça ne le rendait pas désagréable, mais créait une impression mystique étonnante, surhumaine, et troublante. Quelque chose m’accréditait que j’allais le revoir, un jour.

J’étais enfin arriver devant le Bâtiment. Dix colonnes de marbre des plus blancs, comme celles que je vous avais décrites à ma sortie du Train, soutenaient une lourde coupole blanche, et traçaient la face principale du Temple. Il devait y avoir encore de nombreux piliers à l'intérieur et sur les cotés latéraux. Le toit était arrondi comme si l’on avait coupé un ovale droit en deux, et sa couleur était du même bleu que celui des derniers pavés sur lesquels je m’étais maintenant arrêté.

Le soleil brûlait fort contre les pierres, mais heureusement, une brise fraîche calmait les sueurs et détendait le climat. Je me demandai alors ce que j’allais bien pouvoir dire au Patron, entré dans son Temple.

J’avais ma petite idée, et son excuse avait intérêt à être bonne.

J’entrai, après avoir marché les cinq marches de marbre poncées qui menaient à la face principale. Je caressai de la main gauche l’un des piliers. Je fus brûlé à la paume, et arrêtai immédiatement. Le bâtiment était long, une centaine de mètres, pour une trentaine de large. 

Une ombre s’étalait perpendiculairement à la longueur, sous la forme d’un homme déplié au sol. Elle bougea. La forme commençait derrière une colonne.

Il quitta alors le dos du pilier, et je Le vis. Le Patron. Il portait un costume blanc. Je n’ose pas plus vous le décrire, il m’a dit que je ne le devais pas, un jour. La lumière du soleil venait maintenant de son dos. À contre-jour, je peinais à bien l’observer. Il m’apostropha sur un ton simple, gentil, et amical :

(citation)
Bonjour.

(citation)
B... Bonjour...

(citation)
Le trajet n’était pas trop dur ? Charon n’est pas très chaleureux, je sais. Excuse-le, il vit une période difficile. Son Train a eu un gros arrivage, puis quasiment plus rien. Son petit commerce va mal, tu comprends.

(citation)
Oui, j’imagine.

Parlait-Il des derniers événements ?

(citation)
Je t’ai vu réfléchir à une question, à l’entré de ma demeure. Pose-la moi donc.

(citation)
Comment savez-vous ça ? Vous m’espionniez ?

(citation)
J’étais simplement là, comme toujours.

(citation)
Oui oui... Comme toujours.

Dis-je en grinçant des dents.

(citation)
Un peu de courage. Ne brise pas ta question entre tes molaires. Un Patron, ça écoute beaucoup de choses, et pas toujours les plus plaisantes, alors dis-moi.

J’inspirai une profonde respiration. Mon Dieu, je parlais au Patron....

(citation)
Pourquoi nous avoir fait ça ?...


Partie 2.3 : La Réponse

Le vent souffla alors fort, très fort. Il emmena avec lui des milliers de feuilles mortes. Le Patron ne bougea pas. Mais moi, je me couchai à terre pour ne pas me laisser balayer par les bourrasques. Je ne voyais plus rien, si ce n’est sa silhouette et son habit blanc opalescent qui restaient droit comme un i dans la tornade qui se formait. La pierre blanche ne branla pas non plus, et je semblais être le seul à subir les frappes de l’ouragan. Le Patron fit briller un sourire étrange sur son visage - un gentil rire ? - puis le vent se calma.

Peu à peu, les feuilles touchèrent même sol, et la tempête s’arrêta complètement. Il était encore là, mais le décor n’était plus le même. Nous étions dans une ville, sale, une nuit d’automne. Les immeubles étaient en mauvais état, les rues, déchèteries désorganisée, n’accueillaient que des ordures, et des corps - morts ou endormis, nous n’en savions trop rien. Des lumières électriques éclairaient les trottoirs, et certaines fenêtres grisées par la pollution. La puanteur transpirait des quartiers, et les caniveaux étaient bouchés par divers excréments. Ici, une bicyclette abandonnée. Là, un chien errant qui se nourrissait dans les poubelles.
C’était avant l’apocalypse, devinais-je.

Là-bas, un homme jouait avec son couteau, le faisant voltiger de haut en bas, ouvrant et refermant violemment la lame à double cran, accompagné de trois amis à lui, tous aussi grands, habillés de gilets noirs. Ils tentaient d’intimider un petit enfant - Je lui aurais donné 7 ans, pas plus - qui gardait son ballon jaune et rose des deux mains. Ils essayaient de le lui voler. Le Patron me tira plus prêt de cette scène.

Nous n’étions qu’à cinq petits mètres de lui. Sa mère l’attendait devant le porche d’un immeuble plus loin à droite, habillée d’un peignoir rosâtre à fleurs fanées, et lui suppliait de vite rentrer.

Les quatre hommes menacèrent le petit pour sa balle, mais l’enfant refusa. La première claque partit, et après, [non, je ne veux pas vous raconter].Un cri. Le ballon rebondit trois fois puis se perdit dans la nuit, et le corps du petit garçon vint pleurer rouge dans les gouttières qui bordaient les ruelles.

Ils l’avaient poignardé.

La mère courut dans sa direction, poussant un gémissement, râle de désarroi et d’abandon, de haine contre l’humanité et ses actes. Elle berça la tête du bien aimé de gauche à droite, quand elle l’eut atteint, mais il était trop tard... Douleur.

Je versais quelques larmes en silence, sous le regard triste du Patron. Lui aussi souffrait. Il ferma les yeux, et peu à peu, la scène s’effaça, pour redevenir un passé injuste parmi tant d’autre.

(citation)
L’homme déborde de rage et de haine. Il n’est plus bon, comme je le voulais. Il tue pour mon nom, ou m’oublie, et tue pour lui-même. Je ne veux plus de cette vermine comme fils. Le virus que j’ai laissé filer est là pour vous le faire comprendre. C’est vous-même que vous tuez. Vous auriez pu éviter tout ça, si vous étiez unis. Vous-même... Vous êtes vos propres assassins.

Je restais silencieux devant Lui. Il avait raison. Un liquide bleu coula de Son oeil gauche en faible quantité.

(citation)
Mais certains hommes sont encore bons ! Vous ne pouvez leur infliger ça !

Le Patron me regarda. Il me tint un léger sourire, étrange. Confiance. Espoir.

(citation)
C’est pour ça que tu es ici... Es-tu prêt à écouter la suite ?

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