Comment puis-je réfléchir? Ne suis-je pas sensé être dénué d'une conscience? Est ce cela la mort, être enfermé dans son propre esprit? Je tente d'ouvrir les yeux. Une vive lumière agresse mes pupilles, brûle mes iris, tente de s'insinuer odieusement dans les tréfonds de ma conscience à nue. J'essaye de me retourner, de faire face à la terre. Le vide s'ouvre alors à moi. La terre sèche et granuleuse s'infiltre dans ma bouche. Je tousse, je suffoque. Mes poumons malmenés réclament de l'air, et chaque inspiration les noie sous des trombes de poussières. Ma tête heurte alors un objet mou. À deux doigts d'être aspiré vers l'inconscience, je me retourne tant bien que mal, crachant de la terre mêlée à du sang. Deux yeux vidés de leur vie me font face. Tel l'annonce d'un fléau pire encore que la mort, les vautours et les corbeaux croassent dans le ciel, mécontent d'être dérangés en plein festin. Pour la première fois de ma mort, je regarde aux alentours. Le chaos et la destruction, à une échelle incommensurable. Les flammes de l'enfer s'envolent vers le ciel, dévorant les maisons, brûlant les corps et enserrant dans leur sein destructeur les restes de l'humanité. Je suis au centre de ce carnage, dans ce qui semble être le reste d'une cave. La mémoire me revient tout d'un coup. Le souhait de la mort et d'une fin sans douleur. Le couteau rouge et dégoulinant d'hémoglobine. La boîte de Pandore a déversé ses horreurs sur le monde, et rien ne sera plus comme avant. |