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Niv. expérience : 1
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Voilà des heures que vous suivez cet homme. Des heures que vous marchez. Vous avez soif, êtes très fatigué, mais il faut continuer, il n'y a pas le choix. La seule chose dont vous êtes sûr, c'est qu'il y aura à boire et de quoi se reposer à l'arrivée. Mais quelle arrivée? Il n'avait pas voulu vous le dire. Il vous a "remis à votre place", comme on dit. Comment c'était, déjà? "-Vite, partons. -Mais... Où? -Vous le saurez bientôt, cette question est donc inutile. Inutile... Je ne réponds pas aux questions inutiles. -Mais... -Partons! -Mais, Marie?..." Oui, Marie. Vous avez dû l'abandonner, il ne vous a pas laissé le choix. Son explication vous avait indigné, d'ailleurs. "-Cette femme est tout a fait capable de survivre seule. -Mais, le scientifique... -Il ne lui fera pas de mal, je vous le garantis. Et puis, elle mérite la solitude. Solitude... -Comment ça? Pourquoi mériterait-elle la solitude? C'est odieux de votre part! -Ne vous énervez pas, c'est inutile. Vous ne pouvez pas comprendre, de toute façon. Mais il est certain qu'elle mérite la solitude. -Je... C'est inhumain. Il s'agit de la personne la plus gentille, la plus sympathique qui soit. Comment osez-vous? -N'aviez-vous jamais pensé qu'elle pourrait vouloir réparer un mauvais acte? -Que...? -Ne nous arrêtons pas là-dessus, vous saurez bien assez tôt, quoi qu'il en soit." L'homme avait repris sa marche, vous obligeant à le suivre. Ce dernier échange vous avait fait peur : le scientifique aurait peut-être agi de la même manière. C'est trop difficile! Pendant le voyage, vous n'avez pas dit un mot. Mais il faut qu'il sache que vous êtes bientôt à bout! "-Arh, je... J'en peux plus! -Patience, nous sommes presque arrivés. -Je suppose que vous refuserez à nouveau de me communiquer cette destination? -Pas tant que ça n'a pas d'utilité, en effet." *silence* Vous reprenez : "-Savez-vous pourquoi le scientifique fou a créé son virus? -Oui. Mais vous, vous ne le savez certainement pas. -Comment ça? -Le texte que vous avez lu est une histoire fausse, en grande partie. Disons qu'il y a une moitié de vérité, une moitié de mensonge. C'est pour la moitié de vérité que je dois vous sauver. Toutefois, il n'a pas créé son virus pour s'immuniser de la mort. Il en a très peur, c'est certain, et peut-être a-t-il influencé le résultat obtenu, mais ce n'était pas son premier but. -Hein? Mais, mais alors pourquoi?... -Il était atteint du Syndromos Tou Epikemenou Thanatou. -Le...? -Le STET. -Il avait le STET?!?" Réaction justifiée : cette maladie incurable avait tué bon nombre de personnes avant l'invasion zombie. Lorsqu'elle se déclarait, il n'y avait plus aucun espoir. La mort survenait en quelques jours, parfois même en moins d'un jour. Malgré les efforts incessants de la recherche, elle avait sévi pendant un an. La contamination était très simple, et la pandémie fut rapidement déclarée. Cependant, si vos souvenirs sont bons, vous n'avez entendu parler d'aucun cas pendant et juste avant l'invasion. "-En effet, il avait le Syndromos Tou Epikemenou Thanatou, littéralement syndrôme de la mort imminente. -Pouvez-vous m'en dire plus là-dessus? -Eh bien, oui. Bien peu de monde savent que le Syndromos Tou Epikemenou Thanatou est un dérivé du Virus de l'Immuno-déficience Humaine. Fléau des temps anciens, le responsable de l'immunodéficience humaine est en fait un rétrovirus. Le matériel génétique de ce virus est constitué d'ARN, comme vous le savez sûrement. L'infection démarre par la pénétration de cet ARN dans un globule blanc, les lymphocytes T4 et macrophages étant les cibles privilégiées. Une enzyme, appelée transcriptase inverse ,ou réverse transcriptase, également apportée par la particule virale, utilise l'ARN viral comme matrice pour synthétiser une molécule d'ADN bicaténaire. Vous me suivez? C'est très simple, vous voyez? L'ADN double-brin ainsi produit, migre vers le noyau de la cellule infectée, où il s'intègre aux chromosomes cellulaires. De là, grâce à l'action de l'ARN polymérase de la cellule-hôte, l'ADN intégré, appelé ADN proviral, dirige la réplication virale. C'est donc un rétrovirus tout à fait classique. Mais il y a un problème, qui a empêché à l'époque pendant de nombreuses années la possibilité d'un vaccin : la transcriptase inverse exécute des erreurs de réplication qui conduisent à une variabilité de la GP120 dans le micro-organisme même. De plus, on savait que la transcriptase inverse du VIH suffit seule à catalyser la réaction transformant l'ARN viral en ADN proviral. Cette enzyme était donc une cible de tout premier ordre pour la conception de médicaments antiviraux. Mais les erreurs de réplication engendraient rapidement une résistance à ceux-ci. Dans le cas du STET, maintenant, nous avons eu une malchance incroyable. Tout d'abord, la plupart des protéines présentes à la surface du virus sont quasiment devenues des glycoprotéines, comme la GP120. Comme vous le savez, les glycoprotéines sont presque indétectables par le système immunitaire. Ensuite, le rétrovirus est devenu capable de synthétiser une molécule annulant l'action de l'interleukine, bloquant toute fonction immunitaire. Enfin, ce virus est devenu un intermédiaire entre les Orthomyxoviridae et les Retroviridae, de catégorie Influenzavirus A, mais restant un virus à ARN monocaténaire de polarité positive. Il a donc gardé une extrême variabilité génétique tout en attaquant les organes comme les poumons, et provoquant des asthénies, des myalgies, des céphalées ainsi que des maux de gorge. Vous me direz que cela ressemble aux symptômes d'Ebola, peut-être, mais il faut bien distinguer ce virus complexe du Syndromos Tou Epikemenou Thanatou. Quoi qu'il en soit, le STET se multiplie très vite et bloque le système immunitaire. Un seul micro-organisme suffirait donc à tuer un homme. C'est pourquoi le nombre de morts a si vite augmenté." Argl! Vous n'osez pas demander plus de précisions, il a dit ça comme si c'était évident! Et puis, il pourrait encore plus compliquer la chose... En récapitulant ce que vous avez compris, c'est un virus dérivé du SIDA, invisible par le système immunitaire, qui s'attaque surtout aux poumons et aux défenses immunitaires, provoquant la mort en peu de temps, probablement par asphyxie, si les poumons sont les plus touchés. Mais alors, comment le scientifique fou a-t-il survécu à ça? Et en quoi le fait d'être infecté par le STET lui a fait créer son virus? "-Euh... Certes, certes... Et comment le scientifique a-t-il survécu à cette maladie? Et quel rapport avec son virus? -Ah, c'est très simple (vous avez regardé l'homme comme une poule regarde une bombe atomique. Simple comme tout à l'heure, ou...?). Son virus est communément appelé "virus médicament". Il faut savoir qu'il tenait plus que tout à la vie, et il n'a pas hésité à voler les résultats des essais expérimentaux et à les utiliser à ses risques et périls. Je m'étonne d'ailleurs qu'il n'ait pas subi une prolifération désordonnée de ses cellules, avec tous ces produits ayant un fort pouvoir oncogène... Quoi qu'il en soit, son virus médicament parvient à synthétiser une enzyme de restriction annihilant le gène empêchant le fonctionnement du système immun présent chez le STET. Il a pris le risque d'avoir une infection totale par un antigène dont on ne connaît pas les capacités pour se protéger, avec les conséquences que nous connaissons. Si son virus médicament a donné des zombies, c'est parfaitement involontaire, c'est encore une fois une mutation. Là, ça devient beaucoup plus compliqué, et je ne connais pas moi-même tous les détails. Mais je suppose que vous voulez quand même savoir ce que je sais? -Hum... A vrai dire, j'ai bien peur de ne pas comprendre. Pouvez-vous m'expliquer en simplifiant au maximum? -En simplifiant au maximum? Eh bien... je ne sais pas trop comment m'y prendre... Son virus médicament mute parfois, et comme l'a brillamment démontré Darwin, les êtres survivant le mieux sont les êtres qui subsisteront. Les particules virales dans son corps sont sous un contrôle très étroit, mais ce n'est pas le cas des personnes qu'il a contaminées. Chez l'une d'entre elles, une petite modification a conduit le virus à proliférer dans les cellules gliales. Pour en sortir, il devait détruire ces cellules, qui alimentent le réseau neuronal. Dans ce cas, le système immunitaire défend le corps, mais trop tard. Le cerveau endommagé, la personne infectée devient un "zombie". Je suis incapable cependant d'expliquer pourquoi la personne ne meurt pas ou ne subit pas un autre sort. La mosaïque du cerveau est bien trop complexe et trop peu étudiée. Ainsi, ce virus a attaqué les mêmes cellules gliales chez chaque individu et les a transformés. Du moins, pas tout de suite. Lorsque l'individu est à la limite de la mort, le cerveau subit une hypoxie qui fait définitivement tomber dans la phase "zombie". Mais je ne sais pas encore expliquer comment un corps détruit peut se relever. -Ah... Mais comment pouvez-vous en savoir autant sur le STET et le virus médicament?" Alors l'homme étrange s'arrête. Comme vous êtes dans un passage étroit, vous marchez derrière lui, et comme son arrêt a été brusque, vous n'avez pas eu le temps de vous arrêter et vous lui êtes rentré dedans. Mais l'homme reste tout aussi impassible, et pendant que vous vous excusez, il tend le bras devant lui. En regardant l'endroit qu'il pointe du doigt, vous apercevez distinctement un bâtiment blanc se détacher dans le brouillard qui commençait à se former. Sur le flanc, l'édifice portait à la peinture noire, commençant à s'effacer, l'inscription "Z-42". De manière étonnante, il semblait être en bon état, ayant résisté aux affres du temps et des zombies. "-Je vous présente le centre de recherche contre le Syndromos Tou Epikemenou Thanatou, dont je suis le directeur." |
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