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Récit : « Contrée du Carnaval d'hiver »

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Chapitre 1 : Que de bons souvenirs
Elle me sème presque. J’ai beau courir, me démener dans le sable avec mes sandales semblables à des raquettes, me décarcasser à coup d’enjambés impossibles… Elle avance comme si de rien n’était, furtive sous sa capuche, se foutant complètement de moi.

Tout à coup, comme d’habitude, elle s’arrête, sans prévenir, et j’arrive enfin à la rattraper. Je ne sais jamais si elle prend une pause pour m’attendre, pour évaluer l’état des dunes ou pour souffler… Mais même en gardant mes distances, je vois bien que sa respiration est totalement à l’opposé de la mienne. Moi qui siffle comme un asthmatique obèse à la fin d’un triathlon…

C’est drôle quand je repense à la manière dont je l’ai rencontré… Je me souviens que j’étais bienheureux dans le désert, poursuivant une médiocre expédition solitaire. Fidèle à mon écervellement – d’ailleurs ce mot là devrait exister juste pour moi – grandiose, j’étais allé me perdre au milieu de cinq putrides. Je me rappelle avoir pleuré, mais ça je ne devrais peut être pas le dire…

Quoi qu’il en soit, moi et ma manche d’uniforme pleine de morve, on s’était résigné à tenter de fuir en passant entre John et Doe – je donne des surnoms aux zombies : ça me réconforte. Pour ça, je devais prendre mon élan tout en évitant les griffes de Rosette et avec mes babouches de babiches, j’avais rien d’un Ben Johnson.

Je m’étais mis à hurler, pour me donner du courage, comme un surfeur américain de 16 ans fonçant sur son premier Viêt-Cong. Et c’est alors, juste avant de me faire bouffer par John, qu’elle est apparue, tel un ange, telle la deus ex machina de ma mort. Ça avait été une rencontre très percutante. D’ailleurs, à cause du choc, j’étais tombé dans les bras de ce cher John. Le regard amoureux qu’il m’avait adressé, juste avant de manger ma main, m’avait ému à un point…

Ouais, c’est comme ça que je l’ai rencontré. Et même si le sang giclait de mon moignon, même si j’étais aussi blême qu’une crotte de mouette, elle n’avait pas manqué de me flanquer une baffe derrière la tête en me conseillant de regarder où je vais. Quand j’y repense… c’était tout de même affectueux !

Depuis ce temps là, nos âmes sont inséparables. Il faut dire que, par ma faute, elle était restée coincée avec Rosette et ses copains. On est morts le même soir, moi au bout de mon sang, elle dévorée par les zombies. Que de bons souvenirs… J’ai trouvé si romantique que nos râles et autres gargouillis d’hémoglobine s’achèvent presqu'en même temps ce soir là. On s’est côtoyés dans un moment très personnel, ça renforce les liens.

Aussi, elle ne manque jamais de me lancer de ces regards qui vous transpercent : c’est rare des yeux qui peuvent exprimer autant de haine. Mais en fait, je suis persuadé qu’elle m’aime bien. Parfois, elle laisse trainer un doggy bag, une lampe de chevet, ou encore un cachet de médicaments sans étiquette. Mine de rien, elle laisse sûrement ça pour moi… non ?

Bref, je la vois qui scrute l’horizon, habile éclaireuse de l’apocalypse… Je m’arracherais les globes, je suis sûr que je ne verrais pas la moitié aussi loin qu’elle. Bon, d’accord, je devrais me concentrer au lieu de penser à des idioties… alors… non… rien… oh… un zombie… attend voir… que… Oui ! Je vois ! Une ville ! Une ville ! On est sauvé ! La voilà qui repart !

– Attend moi ! J’arriiiive !

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