Progression : 0/100
Niv. expérience : 1
Niv. expérience : 1
|
Je suis réveillé depuis une quinzaine. J’essaye de nettoyer mon visage mais mes vêtements sont incapables d’absorber davantage de crasse. Je procède à reculons, en gémissant. Le sentiment de bien-être s’est complètement évaporé. Mon cœur bat dans ma gorge, la douleur darde dans un engourdissement sourd… Un coin du matelas me sert à essuyer le surplus de sang. Buttler ne m'a pas manqué. Il me manque le bandage autour du crâne pour me vanter d'avoir une tête étoilée comme l’autre poète au nom de luminaire… Un incompris, un rejet, c’est bien ce que je suis… et encore plus qu’avant. La nuit est tombée. L'air est épais, c’est la chaleur. Les bribes qui me parviennent m'annoncent le retour des expéditionnaires. Je n’irai pas chercher des nouvelles au Forum, je veux à tout prix éviter le gardien. Il serait trop content de voir ce qu'il m'a fait. J'entends Maneige qui entre dans sa tente. J'ai comme un élan pour aller la voir. Je me retiens. Elle m'a laissé tomber… malgré tout ce qu’on a enduré ensemble. J'ai peur de son éventuelle explication. Et si elle me sortait un beau mensonge ? Ou encore, si elle avait un plan du tonnerre, infaillible ? Ou pire, si elle me rejetait pour de bon... Je ne sais pas. Il m'avait semblé qu'elle pleurait. Ça lui aurait donc fait quelque chose de me voir ainsi amoché. Je suis trop épuisé pour me faire des scénarios. Sans prévenir, quelqu’un ouvre la fermeture de ma tente, je fige. – Salut. Relaxe, c’est juste moi. Maneige. Je me retourne, me confine au bout du matelas pour lui faire de la place. À deux sur cette couchette d’enfant, c’est un véritable nez à nez. Le plafond de toile penche nos têtes. Elle me regarde comme si j’étais un chaton agonisant dans un piège à ours. – Je voulais te parler d’aujourd’hui… comme tu dois t’en douter. Elle gigote, mal à l’aise. Muet, j’attends. Elle est incapable de soutenir mon regard. En soupirant elle m’attrape les mains, malgré leur saleté manifeste, et les fixe en les tripotant. Je ne l’avais jamais vu dans un tel état. – Je suis contente que tu aies pu rentrer… Elle murmure presque, avec un faible trémolo dans la voix. – Écoute… Je ne voulais pas t’abandonner… – elle serre mes doigts plus forts – mais j’ai eu peur de me faire bannir aussi, si on m’accusait d’être ta complice. Ils sont… stupides, ils n’auraient pas compris… – croisant mon regard : tu as bien vu comment ils ont réagit dans l’histoire avec le vampire ? J’aimerais lui faire remarquer qu’elle ne m’a pas aidé sur ce coup là non plus et qu’une intervention de sa part aurait peut-être fait la différence. Ma mâchoire est enflée, je me tais. Elle reporte son attention sur mes jointures. – Je regrette… sincèrement. C’est que ça m’est déjà arrivé dans le passé de me faire bannir… je déteste ça, j’évite comme la peste de l’être. Je ne savais pas. Elle conclut en soupesant mes mains comme on le ferait pour réconforter un cancéreux en phase terminale. – Je voulais aussi te dire que je vais tout faire pour essayer de te trouver un bandage. Elle me jette un dernier et bref coup d’œil humide puis s’empresse de sortir. Je ne sais que penser. |
0 