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Niv. expérience : 1
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Je dois sérieusement me mettre à l’exercice. Et surtout, surtout, par pitié, trouver de nouvelles sandales. On a finit par arriver aux portes de la ville au petit matin, moment que j’adore pour sa fraîcheur confortable et aussi parce que le ciel n’est jamais aussi beau qu’au levé du soleil. Arf. D’après ce que je peux lire sur la pancarte délabrée, ils ont appelé cette ville Contrée du Carnaval d’hiver. Un nom qui pue l’ironie. Un bonhomme nous attend à l’entrée avec un gros livre semblable à la bible de Denzel Washington. Je ne l’envi franchement pas : physiquement, on dirait Quasimodo. – Bien l’bonjour mademoiselle et salut garçon, qu’il nous baragouine de sa bouche tordue, ça m’prendrait vos noms là-d’sus, qu’il crachote en tapotant la page de son gros doigt jaune, z’êtes pas obligé d’mettre les vrais hein, qu’il conclut avec un atroce clin d’œil. Je vois bien que ma partenaire est dégoutée par le personnage. Une vague de colère contre cette laideur abominable, surtout en cette douce lueur matinale, m’envahit. Mais je ne peux pas m'y risquer : les bras de Quasimodo sont deux fois plus imposants que les miens, ce serait peine perdue. Ce que j’aimerais avoir la carrure d’un Mark Wahlberg… Mon éclaireuse finit d’écrire son nom à la suite des 38 déjà notés. L’espèce de pseudo gobelin se penche aussitôt pour lire. – Ma… Maneige. Hey ma p’tite dame, je suis p’t’être pas prof de français mais j’suis sûr que manège ça s’écrit pas comme ça ! Mon dieu ! Comment ose-t-il ! S’adresser comme ça à ma Maneige ! Je suis rouge de honte ! Mais quel fruste ! Et elle qui garde son calme, qui ne répond rien ! Mon dieu ! Je l’admire tellement ! J’ai chaud tout à coup… Je barbouille mon nom sur le registre pourri et talonne l’éclaireuse jusqu’à deux lits de camp pas trop moisis. Je sens qu’elle est agacée par la remarque, j’aimerais tant avoir les mots pour lui remonter le moral… ce n’est pas mon domaine : quand je parle, j’angoisse, je bégaie, je postillonne. Je me tais depuis le jour où elle m’a lancé un sec et cruel « c’est ton ultime bafouille ? » sur un ton irrité. C’est rare qu’elle prenne le temps de la faire, habituellement, elle garde son énergie pour arpenter le désert. Mais aujourd’hui, sa tente est sur pied en moins de deux. Je n’essaye même pas de monter la mienne : avec ma chance légendaire, je me coupe toujours avec la toile. On va ensuite sur la place publique ou Forum, comme dans les temps anciens. Par miracle, il est plus animé que dans la majorité des villes où tout le monde reste cloîtré dans son médiocre taudis. Les discussions s’entremêlent, on rit, on cri, on se chamaille déjà. Tout le monde est sur les nerfs. Que c’est bon ! Je fais mine de m’avancer vers le groupe de joyeux lurons quand Maneige me bloque brusquement le passage. Elle me repousse et je comprends très bien dans ses yeux qu’elle veut que je m’éloigne. Elle a honte d’être vue en ma compagnie… Je ne peux pas lui en vouloir, si seulement j’avais de meilleures chaussures aussi… car nous sommes nos souliers. |
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