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Niv. expérience : 1
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Le lendemain, au réveil, Maneige s’étonne elle-même de sa bonne humeur. Du calme, ce n’était qu’une soirée, il n’y a pas de quoi s’emballer… De plus, la priorité maintenant est d’éviter qu’Areen s’enflamme et devienne trop encombrant ! Un homme c’est bien, mais pas à temps plein. Elle n’a pas de mal à l’éviter durant la matinée, car, apparemment, il est suffisamment brillant pour ne pas se comporter en maringouin suceur de sang. C’est bien de se laisser du temps pour réfléchir – même s’il n’y a en fait aucun sujet sur lequel cogiter – ils se laissent désirer. Par ailleurs, dans ce monde dévasté, on n’a d’autre choix que de se contenter de ce qui nous tombe sous la main. Côté cœur certes, mais surtout côté nourriture ! Lors d’un jeu de dés, les habitants du Repaire ont déterminés l’ordre de passage à l’abattoir : les plus chanceux égorgent tôt une bête, ce qui les libère de l’incertitude associée à l’attente de son tour. Aujourd’hui, c’est justement à Maneige d’étriper une loque de chair honteuse, de baigner ses mains dans le sang vicié d’un animal malade. On la presse d’exécuter rapidement cette noble tâche, car la faim gronde dans les estomacs. En fin d’après-midi, elle se rend donc au petit enclos aménagé près de la banque. Des serpents, un cochon… Troupeau peu conventionnel. Elle repère le reptile le moins vigoureux, l’attrape par la queue et entreprend de le trainer nonchalamment jusqu’à la boucherie. Sans difficulté, l’éclaireuse l’étale sur le comptoir poisseux défiguré par d’innombrables coups de hache. Le serpent, d’une docilité accablante, se laisse faire. En supprimant les sections non-comestibles, elle estime arriver à produire quatre portions de steak. Profondément concentrée sur son action qu’elle souhaite sans bavure, Maneige élève lentement la lame au dessus de sa tête. Il s’agit de sectionner net la caboche de sa pitoyable proie. Elle formule mentalement le compte à rebours, les yeux fixés sur la ligne de coupe imaginaire… ciiinq… quaaatre… troiiis… deeeux… – Hé ! Toi aussi t’es de corvée boucherie aujourd’hui ! Le bourreau sursaute et pousse un cri. La hache s’agite dangereusement dans les airs. – Tu m’as fait peur ! C’est quoi ton problème ! hurle-elle entre ses dents. – Excuses-moi ! C’était pas volontaire ! T’es nerveuse dis donc ! – Je suis pas nerveuse, je suis concentrée ! Ha ! J’haïs ça ! Elle laisse tomber l’arme et assène de toutes ces forces un coup de poing sur l’épaule d’Areen. Cela les place au même niveau d’énervement. – Oh ! Là ! Du calme ! – T’avais qu’à pas me faire mourir de peur… – Ok ! Ok ! J’ai pas fait exprès moi, non mais… – Pas le genre de frayeur à me faire quand j’ai une hache au dessus du crâne… Je suis calmée, c’est bon… Tu veux quoi ? – Ben… comme tu peux voir y a ce gros porc qui pue qui me suit… – Ho ! Je peux regarder ? S’il-te-plait ! |
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