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Niv. expérience : 1
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Moi ? Naïf ? Oui ! Et j’aurais préféré le rester ! Lui me raconte tout ça nonchalamment appuyé sur la balustrade, un rictus accroché au visage, comme si c’était tout à fait normal… Toutes ses révélations se bousculent dans ma cervelle et je n’arrive pas à y mettre de l'ordre. – C’est absurde ! – Écoutes… Arrête de répéter ça, je ne t’ai jamais causé de la logique de la chose. Je t’ai expliqué ce qui se passe parce que tu voulais savoir, c’est tout. – Mais… C’est impossible, se laisser contrôler… Et contrôler… Tout le monde peut le faire ? Je pourrais te contrôler ? – Hé oh ! Ça va pas ! Je te laisserais jamais toucher à mon cerveau ! – Non ! Je veux pas ! Je me demande juste comment c’est possible ! – Mouais… En tout cas, je te conseille pas d’essayer… Mais bon, c’est pas un crime de savoir comment faire… LaFin est interrompu par le croassement rauque d’un corbeau confondu dans la nuit. Il baisse le ton, comme pour éviter d’être entendu. – T’es pas censé manipuler les gens ni te laisser faire. C’est contre nature. En principe, évidemment, tu peux habiter une seule tête à la fois, la tienne. Normalement, si tu entres dans le corps de quelqu’un d’autre, le tien est abandonné parce que tu ne peux pas être dans deux carcasses en même temps. Mais eux… Ils ont trouvé comment être à la fois dans deux, trois, voire quatre corps ! Imagines piloter quatre paires de jambes en même temps ! Pour ça il faut connaître le code de l’âme. Penses-y, il y a quelque chose d’immanent dans ton esprit, un concept, un mot… C’est la clé. Je fronce les sourcils, sceptique. Je ne suis même pas certain de savoir ce qu’« immanent » veut dire… Peut-être même qu’il se moque de moi, ça ne m’étonnerait pas. Je fouille néanmoins dans mon esprit, à la recherche d’une clé que je ne connais pas, avec cette étrange impression de l’avoir sur le bout de la langue. Après plusieurs secondes de concentration intensive, un mot émerge bel et bien de mon capharnaüm mental. Mon visage s’éclaire de cette trouvaille et son sourire moqueur réapparait. – T’as trouvé ? – Oui… je crois ! Ça fonctionne AceVentura ? – Non ! Oh putain… Fallait pas me le dire ! C’est top secret ce truc là ! – Ah ! Désolé ! – Mais… c’est quoi ce mot de passe de merde sérieux ? – Je sais pas… balbutiai-je confusément. – Trouve autre chose. Remplace-le par quelque chose d’impossible à deviner. Ça doit venir de toi, inconsciemment… Et, surtout, ferme ta gueule ! Je ferme les yeux et les couvre de mes mains pour mieux me concentrer. J’ai l’impression de toucher à quelque chose d’interdit, d’enfouit au plus profond de moi-même. Je me sens stupide d’avoir révélé ainsi la clé de mon âme à LaFin. S’il le voulait… Il sait comment faire, lui, pour contrôler… Pourrait-il s’emparer de mon esprit le temps qu’un nouveau mot ne surgisse ? Mon corps est secoué d’un frisson de malaise. Il se sent violé à la simple idée de se savoir vulnérable, sans protection. La nouvelle clé doit se manifester, et vite. J’inspire à fond, je me laisse imprégner de la mélodie de grognements, caressé par la brise nocturne. Voilà… Du vide créé émane un nouveau mot. Je me redresse, quelque peu soulagé. – Ça y est… Je crois. – Ne le dis à personne. Évidemment. Je ne referai pas cette erreur. D’ailleurs, je peux être reconnaissant envers LaFin de m’avoir appris cela de cette manière plutôt qu’en me racontant des mensonges et en se servant de moi. Je vais devoir me méfier davantage des gens à l’avenir, car ils ne sont pas tous bien intentionnés comme le portier. Et pis, il n’y a pas que le corps qui est en danger dans cette affaire ! Il y a aussi l’esprit, l’âme ! « Prêter » son corps se fait au prix de l’éclipse de son âme… C’est comme… comme une mort ! Et si on fait confiance à la mauvaise personne… C’est un non-retour… « dissiper ton âme à jamais » qu’il a dit. Et eux… Dans cette ville… Pourquoi… Doux Jésus… |
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