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Récit : « Contrée du Carnaval d'hiver »

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Chapitre 46 : Laïus Toutakesque
Le forum est bondé. D’après le brouhaha des discussions, chacun est maître de lui-même. Je m’assois à l’écart, dans un coin sombre. Toutakou arrive et s’installe sur son trône, Deep à ses côtés telle une panthère.

– Bonsoir, dévoués citoyens et citoyennes de la future ville légendaire ! Je vous ai convoqué ce soir parce que je crois que nous avons besoin de discuter des événements récents. Je ne vous demanderai pas votre avis, car je le connais déjà. Allons droit au but : je sais que vous désapprouvez, comme moi, le comportement de LaFin ! Je sais que sa mort, après un acte d’une telle trahison, ne vous émeu pas du tout et que vous vous dites « bien fait pour lui ! » C’est une réaction tout à fait normale que vous avez là. Vous avez raison de penser ainsi ! Vous seriez aussi vils que ce traître de n’avoir qu’une once de compassion pour lui ! Rappelez-vous qu’il a essayé de nous exterminer comme des rats ! Moi, je m’en rappelle.

« Toutefois, j’espère que cet incident n’ébranlera en rien la confiance que chacun d’entre nous avons envers notre organisation, envers notre grande famille. Je ne perds pas confiance en vous. Je vous fais confiance ! Nous avons la confirmation maintenant que LaFin était un cas isolé, un cas totalement à part ! Je dois vous confier un secret. Un détail que nous n’avions pas ébruité, Deep et moi, dans notre trop grande magnanimité. Nous avions laissé à LaFin une chance de se réhabiliter. Oui, parce que c’était un sale juif communiste ! »

Un frisson parcours le troupeau. Qu’est-ce que ça peut bien faire que LaFin ait été juif ou communiste ? Qu’est-ce ça veut dire, de toute manière, « être communiste » à notre époque ? Qu’est-ce qu’on en a à foutre ? En quoi sa religion nous empêche de dormir ? On s’en bat les couilles ! C’est n’importe quoi ! C’est même pas vrai !

– Je sais, c’est un choc d’apprendre cela. Mais ne nous attardons pas sur ce cas ! Cette raclure de LaFin ne mérite même pas qu’on se souvienne de lui. Il n’en vaut pas la peine ! N’en parlons plus jamais !

« Engageons-nous plutôt sur une note plus positive. Je veux attirer votre attention sur le héros qui s’est révélé à nous la veille. Oui, vous savez de qui je parle. Il s’agit de… »

Devil braque le faisceau de sa lampe-torche sur mon visage. Des dizaines d’yeux se rivent sur moi.

– Ce citoyen, qui ne fait même pas partie de notre groupe, précisons-le, nous a sauvé la vie. Vous vous souvenez, au premier jour, nous avions dû le sermonner un peu. Grâce à nous, il est aujourd’hui sur la bonne voie ! Il est passé outre le fait qu’il est étranger et a osé œuvrer pour nous. Il aurait pu s’allier avec le traître dont on ne doit pas parler, il aurait pu le rencontrer en secret et comploter avec lui. Qui sait ? Une petite conspiration entre les deux… Mais non ! Il s’est tout naturellement rallié à notre cause hier soir ! Il a veillé aux portes et nous a sauvés ! C’est sans doute un instinct formidable qui l’a réveillé et qui l’a poussé à aller vérifier ce que faisait le traître. Nous nous devons de féliciter ce sixième sens. C’est pourquoi nous tenterons d’offrir des récompenses dignes du geste héroïque. Il a travaillé si dur ! Nous lui avons déjà donné, pour l’aider à se détendre, un rocking-chair antique. Ha ! Vous êtes jaloux, c’est normal. Vous aussi vous travaillez fort, depuis bien plus longtemps que cet étranger qui s’est invité lui-même dans notre ville, et vous n’avez jamais rien eu ! La jalousie est inévitable, je le sais. Seulement, il nous a sauvés. Nous avons une dette envers lui ! Nous ne pouvons rien faire d’autre, n’est-ce pas ? Nous n’avons pas le choix.

Toutakou me scrute sans cesse, l’œil recélant de malice. La foule me nappe de regards mauvais. Je patauge dans le malaise.

– Chers citoyens et citoyennes, je ne retarderai pas plus longtemps l’heure de votre sommeil si bien mérité. Nous désignerons demain un nouveau préposé à la fermeture des portes. Pour aujourd’hui, Robi s’en est chargé. Allez en paix et ne manquez pas de remercier notre sauveur !

J’accueille plusieurs signes de têtes et mercis forcés tandis que les moutons se dispersent. Deep fait mine de venir me voir, mais il l’agrippe par le bras et la tire vers sa tente. Même mon bannissement était plus heureux que cette solitude…

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