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Niv. expérience : 1
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Tout le monde dort encore. Ça me tue de lui accorder quoi que ce soit, mais ce Toutakou est une vraie machine. Quand est-ce qu’il se repose ? Toujours debout du matin au soir, dans une dizaine de corps, à travailler sur tout, partout. Bah… mouais… faut pas lui lancer des fleurs trop vite. Il se passe quoi, vraiment, au cours de ses expéditions. Peut-être qu’il dort à l’ombre des ruines ! Bon. Bref. Première chose à faire : remplir une gourde. Ce sera réglé pour quand je reviendrai, les lèvres gercées, les yeux secs, le bout des doigts déchiqueté. En plus, ce n’est même pas noté sur le schéma, pff, quelle négligence, j’aurais pu oublier ! Quelques sacs sont empilés en banque. Je choisis la sacoche d’ordinateur portable plutôt que le sac à main ou le vieux sac réutilisable. Elle peut contenir un pistolet et demi. Malheureusement, il n’y a pas de moitié de pistolet. J’enfourne deux autres armes dans mon sac personnel puis, tendant la main vers la quatrième, je fige, me rendant compte que cela fait déjà cinq objets que je prends. Je deviens tout rouge de scrupules. Qu’est-ce que les autres vont penser ? Non, non… Je me sens trop mal… Faut que j’attende au moins quinze minutes. Même un pourrisseur ne pourrait pas résister à cet élan de conscience ! C’est plus fort que moi ! Oh ! Que faire ? Je vais m’initier à la robinetterie. On l’a installé à côté de l’atelier pour se laver les mains après le boulot. Ça aide à prévenir des échardes qu’ils disaient. Je ralentis soudain. Une silhouette est arquée sur l’établi. Trop bizarre. Le silence ne me dit rien qui vaille. – Hello ? Ça va ? Pas de réponse. Le visage immobile est celui de So, la fille qui passe toute ses journées au forum. Je me suis déjà demandé ce qu’elle faisait, si elle ne travaillait jamais. Elle a coincée une souche sur le rail de la manufacture, mais elle reste là sans bouger, la scie à la main. Ses yeux fixent un nœud dans le bois. – Hum… So ? Ça va ? Je veux la toucher mais me résigne. Elle est peut-être somnambule ? Il parait que ça peut être dangereux de les réveiller. Elle cligne à peine les paupières, c’est normal ça ? C'est pas du pilotage automatique normal en tout cas. J’agite la main au dessous de la souche… rien. Personne dans les parages. Je suis censé faire quoi ? Elle est peut-être malade. Je n’ose pas la secouer, une pseudo-agression, ça empirerait mon cas ! Sans quitter So du regard, je remplis mes pistolets. J’espérais que le cri du robinet rouillé la tire de sa torpeur. Si elle meurt ça va être de ma faute ! Au diable le somnambulisme… – So ! Y a le feu ! Me voilà embêté. S'il lui arrive quelque chose, ils vont savoir que j’ai passé ici pour les armes. Que faire ? Ma joue me rappelle que les gifles réveillent bien les gens. Toujours personne aux alentours. Faut agir. Elle est en pleine crise d’épilepsie, en attaque cérébrale, en apnée du sommeil, en plein caillot dans l’artère ! Pas le choix. Je craque mes doigts. Faut le faire. Tant pis pour les conséquences. Quand faut baffer, faut baffer. |
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