Hordes Topics Hordes Topics Hordes Topics
Changer le design (bêta) :
[Par défaut]   [Dark]
 
Progression : 0/100
Niv. expérience : 1

Récit : « Contrée du Carnaval d'hiver »

Sommaire  

5 bien 0 bof
Chapitre 8 : Au moins le réflexe de fermer les yeux
– Bilan : un jerrycan, une rustine et une… lampe. Argh !

C’est comme je sors de la maison que Buttler achève cette phrase en explosant l’abat-jour par terre. Il n’a pas l’air jouasse. Trouver de l’eau, en général, c’est réconfortant : mais il est vrai que nous, c’est pas comme si on en manquait. Aussi, Maneige tient son rouleau de ruban adhésif comme s’il s’agissait du cadavre d’une tique de lit géante.

Quant à moi, mon face à face avec Averell m’a en quelque sorte immunisé. Je n’avais jamais eu autant de zèle dans mes explorations : au diable le fleuve, je me suis aventuré le plus loin que je pouvais. Dans l’indifférence totale, mes doigts ont flirté avec des flaques de crasses et des coins de murs pourris, véritables blind dates macabres.

Je me suis vite retrouvé dans ce que je crois être une chambre. C’est que, dès que j’ai eu traversé le cadre, mon pied a dérapé sur un objet incongru du genre Barbie et son cheval. Dans la chute cataclysmique qui s’ensuivit, torchère, chaise miniature et un amoncellement incroyable de boas de princesse furent mortellement happés.

J’ai survécu et à l’arrêt cardiaque et à l’effondrement lamentable de ma carcasse. En fait, comme Buttler énonce le médiocre bilan, j’extirpe tant bien que mal – c’est-à-dire avec la grâce d’un fermier qui insémine une vache – le matelas de Bobotte qui m’a sauvé la vie. Je savais bien qu’elle avait un côté sympathique.

Meuglant sous l’effort, j’arrive enfin à descendre du perron. Je souffle en grimaçant, me massant le bas des côtes. Ouais… je dois sérieusement penser à me mettre à l’exercice.

Quand je relève la tête, j’aperçois les trois autres qui me dévisagent. Maneige a laissé tomber sa rustine, Averell serre son jerrycan à la manière d’un ourson en peluche et Buttler, irradiant la haine, grince des dents. Il se rue sur moi.

– Donne-moi ce matelas, sale banni !

– Non ! C’est moi qui l’ai trouvé ! couinai-je, animé par quelque relent de courage.

J’ai au moins le réflexe de fermer les yeux avant que ma mâchoire ne rencontre brutalement ses jointures. Je me sens comme dans un film d’action qui abuse de ralenti. On ne m’avait jamais frappé… Je mange du sable en m’écroulant comme un arbre centenaire. Buttler me retourne et me plaque son bouclier sur la poitrine. Il va me tuer ! Ses poings… ma tête… mes dents… je…

– Arrête ! Stop !

Malgré le sang, j’arrive à distinguer Maneige paniquée qui accourt. Averell saisit le gardien et parvient à l’éloigner. L’éclaireuse se penche sur moi, je parierais qu’elle pleure. Ha ! Je le savais ! Elle m’aime bien…

– Maneige, viens.

C’est le fouineur qui la tire par l’épaule tout en retenant le fou furieux. Je tends la main pour la retenir. Elle me lance un regard désolé. Mes doigts glissent. Elle m’abandonne. Ils partent. Je veux protester… Je m’endors…

<< Chapitre précédentCommentaires (0)Chapitre suivant >>

Noter ce chapitre

+1 Bien Bof -1

Editer ce chapitre     Ajouter un chapitre