Hordes Topics Hordes Topics Hordes Topics
Changer le design (bêta) :
[Par défaut]   [Dark]
 
Progression : 0/100
Niv. expérience : 1

Récit : « Contrée du Carnaval d'hiver »

Sommaire  

5 bien 0 bof
Chapitre 9 : Douleur
J’ai… mal ! C’est comme être mort… mais vivant. Ça irradie, ça émane de partout et de nulle part à la fois. Ma main en tremblant effleure le désastre de mon visage. Ma peau est poisseuse, le désert s’y colle. Ma respiration chevrotante se fait timide. Ma lèvre tremble, je veux pleurer.

Mais les larmes ne viennent pas. C’est le traumatisme. Redressé, je crache une, deux dents. Je dois avoir une commotion. Je ne sais pas. Je n’y connais rien. Les élancements dans mon crâne m’étourdissent. J’attends que ça passe. Étrangement, je me sens bien, recroquevillé. J’ai conscience de mon corps. J’existe.

Cinq minutes. Dix. La douleur se calme. J’inspire l’air à grandes goulées. Il fait plein jour, je me rends tout à coup compte de la chaleur. La fatigue emboîte le pas, difficile de me relever. Ouf… Et je dois encore rentrer en ville…

Soudain, j’angoisse. Je suis seul… Combien de temps avant que les zombies s’en aperçoivent ? Les autres sont partis si vite que le matelas est resté là. Je ne réfléchis pas vraiment : je l’empoigne, commence à traîner mes sandales vers ma tente. Ha ! Elle me semblera si confortable.

Je ne prends pas le temps de creuser. Je sens que le sable n’a plus rien de bon à offrir. À un kilomètre de la ville, l’épuisement me gagne. Au moins, le matelas a son utilité. J’avale ma gourde mais elle ne me revigore pas autant que d’habitude. Ma blessure est vilaine, elle me pompe trop d’énergie. Allez, on y est presque.

On me regarde comme si j’étais un Bambi lépreux surgi de derrière un buisson. Heureux je suis de ne pas voir ma tronche… Mon Dieu ! Vive le matelas de Bobotte. Ma tête me rend grâce en relayant la douleur par un assoupissement comateux. Ha… soulagement…

– Te voilà ! Ho. Ça va ? Que t’est-il arrivé ?

C’est le Vampire de Düsseldorf. Il me dévisage en fronçant les sourcils. Il me fait l’honneur de ne pas avoir l’air inquiet. Je tente de bredouiller une explication mais je n’arrive qu’à produire une gamme de syllabes équivoques.

– Tout doux… Je n’ai pas réellement besoin de savoir. Tu crois pouvoir me suivre ?

Oui, je le crois. Je suis toujours sur le pilote automatique. La douleur empiète sur la raison et anéantit ma petite nature. Toutefois, j'ai peur de me faire piquer ma couchette. Encore une fois, le vampire semble lire mes pensées.

– Ne t’inquiète pas, nous allons faire vite, personne n’aura le temps de te voler.

J’obtempère alors de le suivre. Au passage, je remarque vaguement les allures de baraque qu’a prises son taudis. Nosferatu n’a pas chaumé.

Il m’amène au même endroit que la nuit précédente. Cette fois j’y vois : il s’agit du dépotoir, cet amoncellement d’immondices que personne jamais n’approche. Mon compagnon arbore un fier sourire. Y a pas de quoi…

– Tu dois penser qu’il faut être désespéré pour venir ici… Effectivement, qui d’autre qu’un indésirable à qui on a interdit l’accès à la banque aurait l’idée de fouiller les ordures ? Pourtant, on y trouve à tous les coups quelque chose d’utile.

Aussitôt dit, il escalade de vieux cartons gras et disparaît entre les déchets empilés. Je soupire et j’y plonge les bras. Je pense que la saleté des murs de la petite maison n’était rien comparée à la nausée que ces poubelles moisies me causent.

J’écarte de la pourriture depuis un moment déjà quand je dégote enfin un flacon de type pharmaceutique. Une substance épaisse luit à l’intérieur. Je le range dans ma poche, on verra ça plus tard. Une chose est sûre : ça ne doit par être très bon pour ma blessure de patauger jusqu’aux coudes dans un océan de microbes.

Ce n’est pas long que le vampire me rejoint. Je l’attendais, car je suis tombé sur un truc épouvantable qui m’a fait hésiter.

– Ha, ça ! s’exclame-t-il sur un ton connaisseur, c’est bien ce que tu crois, un vieux cadavre.

Il rit. Il est complètement cinglé. Il me signale que je peux cueillir les espèces de baies violettes qui recouvrent la charogne. Le cœur au bord des lèvres, j’obéis. Je frémis lorsque se détache au passage un lambeau de chair.

– Donne.

Il sort une autre de ces atrocités en putréfaction et tamponne les deux morceaux comme s’il s’agissait de pâte à modeler. Je suis vraiment à deux doigts de vomir. Il me dépossède de toutes mes trouvailles, à mon soulagement. Je mérite une vraie sieste maintenant… non ?

<< Chapitre précédentCommentaires (0)Chapitre suivant >>

Noter ce chapitre

+1 Bien Bof -1

Editer ce chapitre     Ajouter un chapitre