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Récit : « Le jeu des RPistes, RP de Shurgaal. »

SommaireChapitre 1

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Chapitre 1 : Une mort impossible
Mon corps entier est transpercé par la température glaciale… Je comprends de quoi parlaient les anciens, avec leurs blizzards et leurs pôles enneigés. Comme quoi la vie dans l’Outre Monde aurait pu être pire… Malgré tout.
Le froid a entièrement pénétré mon corps. Celui-ci, entièrement immobile, me donne l’impression de flotter… Je ne sens plus rien. Je tente brièvement de faire bouger une partie de mon anatomie… Sans succès. Je ne sais même pas si j’en ai encore une.

Hoho… Perspective inquiétante.
Mes pensées résonnent deux ou trois fois avant de s’évanouir. Je n’arrive pas à déterminer si elles le font dans ma tête ou dans l’étrange endroit au-delà de mes paupières closes.

L’amusement me gagne aussitôt, chassant la peur… Même mort je continue à me faire du souci. Comme quoi mourir n’altère pas le caractère…

Etrangement, la température ne me gène plus… Le froid m’a totalement investi, me soutiens. Je suis bien… A l’aise. Paisible.

Cela me change tellement de mon agonie… Satanée infection. J’ai cru mourir ébouillanté lorsque je me suis réveillé un jour, les veines en feu, cloué à ma paillasse… Avec la douleur aigüe de ma main arrachée en fond…

Je ne tardais pas à rendre l’âme en fin de compte, puisque je poussais mon dernier soupir seulement deux jours plus tard. Au fond de moi je sais que j’ai eu « de la chance »…comme ils diraient.

Résister à une infection deux jours durant est devenu un exploit avec la dégradation incessante de l’hygiène et la pénurie de médicaments… Mourir quelques heures après la manifestation des premiers symptômes est bien plus courant.

Mourir…

J’essaye de rire.
Raté.

Je m’interroge… Devrais-je parler de ma vie au passé ? Quel concept étrange…




Mes pensées se délitent lentement… Je ne fais rien pour les retenir. Je n’ai jamais bénéficié d’un tel confort de mon vivant, autant en profiter.

Le silence… Je l’écoute. Il est effrayant, mais je m’y habitue vite. Je suis seul, c’est une certitude.

Seul.



Une pensée me traverse de part en part avant de disparaître dans l’obscurité… Mort. Mais pour combien de temps ?
La pensée vire de bord et me transperce de nouveau, plus profondément cette fois… Le temps existe-t-il encore ici ?

Ici… Où suis-je d’ailleurs ?

L’agacement me gagne… J’emploie la question bateau du héros égaré…

J’essaye de soulever une paupière… Du moins ce que je crois être ma paupière, quelques centimètres devant moi.
Je sens quelque chose…



Une résistance. J’ai visé juste !
L’excitation me gagne, tempérée par le froid omniprésent. Je tente ma chance en faisant bouger un doigt.
Rien…

Je contiens ma déception. Ce n’est pas si grave… Je relâche mon emprise sur mes sens, qui s’éparpillent de nouveau… C’est la première fois que je meurs. Je n’imaginais pas vraiment la chose comme ça.

C’est toujours mieux que la douleur…

A présent mort, je peux prendre du recul sur ma vie. Faire le bilan que j’ai toujours repoussé au lendemain. Jusqu’à ce que ça soit trop tard. Enfin, c’est ce que je croyais, me dis-je, gagné par l’ironie.

Je n’ai au fond fait que souffrir, début à la fin. Surtout à la fin je corrige. Du bidonville asservi par la milice où je suis né à la tombe que je me suis creusé pour mourir d’infection, j’ai enduré chaque jour les souffrances de la bête traquée. Et j’ai passé la totalité de mes nuits à trembler.

La hargne s’empare de mon esprit… Ils ne trouveront jamais mon cadavre. Ils ne s’en nourriront pas.
Qu’ils crèvent tous de faims, ces abominations.

Ma colère brule en moi quelques temps avant de devenir flammèche et s’éteindre sans un bruit. Littéralement aspirée par les ténèbres. J’essaye de la ranimer. Sans succès… Vais-je ainsi perdre peu à peu mes émotions ?



L’inconvénient ici, c’est que je perds vite la notion du temps… Peut être des journées s’écoulent entre mes réflexions. L’idée est séduisante, mais je tâche de ne pas trop me poser de questions à propos de tout ça… Bien que je ne risque plus le mal de tête, il m’est pénible de me concentrer constamment.



Un bruit… Je mets un temps indéfini à réagir. L’idée même de bruit paraît incongrue ici.


Un sifflement extrêmement faible. Je tends l’oreille. Bien que le son soit irrégulier, cela me donne une unité de temps bien pratique. Une révélation s’impose peu à peu à moi, éclatante de simplicité. Je ne suis pas mort…

Un mort n’entend pas. Il n’y a pas de bruit dans les limbes…

Enfin… Je crois ?

Je fronce les sourcils… Je ne sens aucune résistance. Tant pis… Je fronce les sourcils mentalement ; j’ébauche simultanément une image mentale de mon portrait, à partir du souvenir de mon reflet, aperçu quelques années avant ma mort.
Ca aide.

Mince… De quoi parlais-je ?

Je me bats désespérément pour maintenir ma concentration.
J’ai l’impression de voler en éclats. Mes souvenirs disparaissent peu à peu derrière moi, suivant le chemin de ma colère et de mon amusement.

Le son… Il est dérangeant à présent. Je regrette le calme de mon arrivée… Je réalise qu’au fond, je préfèrerai rester ici, plutôt que de suivre cette perspective inquiétante que serait ma nouvelle vie. Je résiste… Mais ce n’est plus la peine.

Résigné, j’essaye d’ouvrir un œil. Le noir.
Une vague de soulagement submerge mon esprit… Même le son est moins envahissant à présent. Je vais rester ici.

Hey !

Quelque chose essaye de rentrer dans mon orbite !
Mon bras, par réflexe, tente de chasser l’intrus. Hum… Il répond partiellement, refusant de se mouvoir plus de quelques centimètres.
Un objet non identifié remue sous mon ventre…
Je panique et m’immobilise, tentant d’ignorer la bestiole qui tente de pénétrer derrière mon œil. Vraiment pas facile.

La chose s’arrête de bouger sous moi…



Je tente une nouvelle fois de dégager mon bras. La bestiole recommence à s’agiter sous mon estomac.

Plus de doutes.
Le machin qui s’agite n’est autre que mon bras. Le poids inanimé qui le maintient au sol doit être mon torse, mon buste… Je tente de reconstituer ma posture mentalement. Je serais donc allongé… Et mon bras… je le remue une nouvelle fois… Serait bloqué en diagonale.

Je repère mes différents membres, étrangement désolidarisés… Les coordonner me demande un long moment, bien que je n’en sois pas sûr. Enfin, j’appui mon bras libre sur une surface dure, dégage l’autre et me relaisse tomber brutalement.

Aucune sensation tactile… Mauvais signe… Je prends de nouveau appuis et place mon genou sous moi. Un temps… Je tiens à peu près. Un espèce de mur me soutiens à ma droite. Je tâtonne… Un espace rectangulaire mal défini m’abrite. Les sifflements dont je sais à présent qu’ils sont ceux du vent m’indiquent que je me trouve sans doute en plein désert…

Un doute atroce s’empare de moi. Mes bras se balancent frénétiquement dans l’habitacle, et buttent contre plusieurs objets… L’absence du toucher me gêne énormément mais je devine rapidement les contours… Un lance pile et un sac.

Oh mon Dieu… L’horreur me glace… Bien plus que le froid polaire des limbes.
J’ouvre les yeux. Les deux cette fois. L’un a disparu, pas étonnant que je me sois cru dans le noir en l’ouvrant.

Je balaye l’endroit de mon œil unique.

Ma tombe.
C’est ma tombe.


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