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Récit : « [EVENT] le post-it perdu »

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Chapitre 26 : session 3 : les sensations auditives
Vivre sans vivre. Ne rien toucher, ne rien voir, ne rien sentir, ne rien goûter. Juste entendre...

Elle avait perdu la notion du temps depuis un moment déjà. Son corps ne faisait plus la différence entre le jour et la nuit. Elle ne parvenait même plus à saisir la plus petite brise qui pourrait courir sur sa peau. Il y avait un bruit à sa droite. Le son était clair, distinct, un chuintement lent et régulier, le frottement des écailles contre le sable provoquait un léger éboulis sur la dune. Un serpent. Ah... Mais il y avait bien plus gros aussi. Lourd, malhabile et armé. Le chuchotement d'une lame huilée contre un pantalon en toile. Rien qu'un léger sifflement qui élimait le tissu à chaque passage.

_ « Hé ma jolie ! T'as l'air salement amoché ! Viens par ici ! J'vais prendre soin de toi tu vas voir ! »

Ce bruit là était éraillé, grave, un peu chevrotant, caverneux. L'homme devait fumer et boire, probablement pas très en forme, cinq mètre de distance tout au plus. Elle recula, tête basse, le rôle de la victime était le plus sûr moyen de l'attirer jusqu'à elle. Ce qu'il fit effectivement, trainant son pas dans les dunes. Il s'y enfonçait maladroitement, le sable craquait sous les semelles de ses chaussures. Il boitait donc et devait être un peu gras. Définitivement plus grand qu'elle. Quand il fut à sa hauteur, elle n'attendit pas qu'il lève la main sur elle. De toute façon, elle ne l'aurait pas senti, juste entendu. Ses mains se portèrent sur les épaules de son presque agresseur, le crissement de ses ongles contre le coton lui indiqua qu'elle visait juste. Son genoux s'élança, rien qu'un bruissement dans l'air et s'écrasa avec un timbre mat plutôt satisfaisant. Lin contre pantalon en toile. A peine un murmure. Le cri de douleur et la bordée de jurons en... plusieurs langues qui suivirent lui apprirent, une fois de plus, qu'elle avait bien atteint sa cible.

Elle se concentra pour éteindre les sons, un à un, le battement de son coeur, sa respiration, l'ivrogne qui hurlait toujours. Ne devait rester que le souffle du vent au creux de son oreille, le roulement du sable tout autour d'elle et... Ah oui ! Le voilà. Le léger fredonnement des écailles contre la poudre ocre du désert. A gauche. Donc elle avait fait demi-tour. Elle s'allongea et attendit, sûre de sa proie, comme une victime, toujours. Ses oreilles attentives au chiffonnement de ses vêtements contre le sol ne tardèrent pas à repérer le susurrement de la langue de l'animal. D'un léger mouvement elle glissa, de sa manche, une lame courte mais affutée au creux de sa main. Elle la fit tinter contre la breloque accrochée à son poignet. Son arme fendit l'atmosphère, d'abord le craquement des os tandis qu'elle perçait la boite crânienne du reptile, le crachement du venin, inutile, puis le gargouillement du sang. Les derniers spasmes du corps qui rebondit et se tortille contre le sable, un martellement léger, quoiqu'un peu sourd par moment. Et puis plus rien. Il y aurait de quoi manger ce soir. Dommage, elle ne goûtait plus.

Elle se releva et reprit lentement conscience du reste du monde. Les sons qu'elle avait coupés vinrent remplir de nouveau son espace. Hmm... Un peu plus loin au nord, c'était assourdi mais bien là. Les éclats se firent plus nets au fur et à mesure de sa progression, le fracas du métal, le cisaillement de la scie contre le bois. Une ville, forcément. Bientôt le vacarme lui sembla assourdissant. Des voix tonitruantes qui se répercutaient en écho sur les murs. Le raclement des pieds, le froissement tapageur des vêtements. C'était trop, beaucoup trop. Même en isolant certaines tonalités, elle ne parvenait plus à distinguer l'essentiel. Et c'était là son seul repère. Sans l'ouïe, elle était aveugle. Pourtant il lui fallait braver l'explosion pour trouver la sécurité nécessaire à sa survie. Elle n'aimait pas le tonnerre de la vie. Elle se cogna dans... Quoi d'ailleurs ? Le gargouillis de la chair en putréfaction. Trop d'informations, impossible de faire le tri. Mais tout à coup, elle manquait d'air.


auteur : Tsohanoai

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