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Récit : « Comment tuer ce qui est déjà mort ? »

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Chapitre 6 :
Il y a des moments dans la vie où il faut se poser, réfléchir, envisager toutes les possibilités et agir en conséquence. Et puis il y en a d'autres où il faut juste courir. Celui là appartenait manifestement à la seconde catégorie. Je me précipitais hors du salon, courrait dans ma chambre, en claquait la porte, et c'est seulement là que je me rendis compte avoir oublié le sabre à champagne sur la table. Le bruit que faisais mon père en tentant de défoncer ma porte ne me donnait pas vraiment envie d'aller le chercher.

J'entrepris de barricader la porte avec les moyens du bord: en l'occurrence ma bibliothèque ( remplie de bouquins de SF) et mon matelas faisaient parfaitement l'affaire. Puis suivirent les trentes pire minute de mon existence, adossé à la porte, pleurant et espérant de toutes mes forces que ça tiendrais, n'ayant qu'un espoir de survie très limité, et aucune idée en vue. Trente minutes de pure angoisse, persuadé que c'était ma dernière nuit. Et puis, à 0h30 pile, hop, à nouveau plus rien. Plus un bruit ... Je n'osais pas regarder POURQUOI il ne frappait plus ... je n'en pouvais plus. Une journée bien trop longue, bien trop dure, bien trop éprouvante ...

Je me réveillais le lendemain, vers 11h. Toujours en vie, à ma grande surprise. Je m'étais endormi adossé à la porte. Je pris une longue heure de réflexion, dans laquelle il m'apparut que je n'allais pas pouvoir rester cloîtré dans ma chambre toute ma vie, et que vu que ma fenêtre donnait directement sur la rue, pas mal de mètres plus bas, il fallait bien que je passe par la porte. Bon, en fait, deux minutes furent nécessaire à cette analyse. le reste, c'était la partie " motivation". Vas y benjy ouvre donc cette putain de porte, elle va pas te bouffer, ahahaha ... ou pas.
J'étais terrorisé par ce que j'allais trouver derrière cette porte. D'un autre côté, la perspective d'être toujours là si il revenait n'etait pas des plus réjouissante ... Je pris donc mon courage à deux mains, ainsi qu'une quille de bowling, à deux mains aussi, et entrepris de pousser le matelas et la bibliothèque pour ouvrir la porte. La quille était en effet l'objet le plus lourd que j'avais à portée de main. Plutôt ridicule, mais le ridicule ne tuait pas, lui.

La porte, donc. Ou ce qu'il en restait, plutôt. Je me félicitais d'avoir balancé le matelas et la bibliothèque. la porte était couverte de sang et arborait un énorme trou en son centre, et ne tenait plus que parce qu'elle s'appuyait sur le matelas. Elle tomba sur le sol, avec un énorme bruit, quand je l'ôtais. J'ai failli avoir une crise cardiaque. Le couloir était totalement vide. J'osais m'aventurer jusqu'au salon. Et vis mon père à l'intérieur, qui tournait en rond, lentement, si lentement ... jusqu'à ce qu'il me remarque. Il avança alors vers moi, en traînant ... Où était donc passé la débauche d'énergie de la nuit dernière ? Rusait il ? allait il se jeter sur moi lorsqu'il serait suffisamment près ? Essayait il de lutter contre ses nouveaux penchants ? Une nuée de question m'assaillait, pendant que je contemplais sa lente progression vers moi ...

Ce sont ses yeux qui m'ont finalement fait agir. La faim vorace qu'on y lisait. La conviction profonde que ce n'était plus mon père qui me regardait ainsi. La conviction tout aussi profonde que je n'allais pas me laisser bouffer sans rien faire, surtout aussi lentement. Je me précipitais donc vers lui, quille en main, et lui en assenait un énorme coup sur la tête, en poussant un hurlement primaire. Stupide, très stupide le hurlement. Quelle bonne idée, dans un immeuble très probablement peuplé de ces choses, de hurler, histoire de les attirer !

Ma quille ( qui était, j'ai sans doute oublié de le dire, un souvenir d'un anniversaire au bowling ) émis un son mat quand elle entra au contact du crâne de mon père. Le crâne, lui, explosa, répandant son contenu sur le sol. Très salissant. Je restais quelques longues minutes à regarder par terre, mon père, mort définitivement. Puis posais la quille à terre. Et repris le sabre à champagne, qui étais toujours sur la table. Ça me paraissait plus approprié. Je regardais ce que j'avais jusque là considéré comme mon " chez moi ", et où je m'étais toujours considéré en sécurité. Du sang sur les murs, le corps de mon père par terre, la télé en miette, des éclats de verre un peu partout, la vitre brisée, ma porte défoncée, et la porte d'entrée qui pendait sur ses gongs, entrouverte.
Aie. ça par contre, je ne pouvais pas l'expliquer. Celles de mon voisin d'en face était dans le même état. Ce qui ne voulait dire qu'une seule chose : ce n'était pas bon du tout ... je n'étais plus en sécurité chez moi.

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